Calcul matriciel

Jérôme Feret
DIENS (INRIA,ÉNS,CNRS)

16-20 mars 2017

1 Matrices

1.1 Algèbre des matrices

Définition 1.1 (matrice). Soient m,n deux entiers positifs. On appelle une matrice d’éléments de 𝕂 à m lignes et à n colonnes une famille d’éléments (ai,j)1im,1jn de 𝕂 indexée par les couple (i,j) où i varie entre 1 et m, et j varie entre 1 et n.
On dit aussi que (ai,j)1im,1jn est une matrice de taille m × n.
On note m,n(𝕂) l’ensemble des matrices de tailles m × n d’élément de 𝕂.
Enfin, lorsque m = n, on dit que les matrices de m,n(𝕂) sont carrés de taille m.

Définition 1.2 (ligne). Soient m,n deux entiers positifs Soit A=Δ(ai,j)1im,1jn m,n(𝕂) une matrice de taille m × n. Soit i0 un entier entre 1 et m. On appelle i0-ième ligne de A, la famille de n éléments de 𝕂 (ai0,j)1jn.

Définition 1.3 (colonne). Soient m,n deux entiers positifs Soit A=Δ(ai,j)1im,1jn m,n(𝕂) une matrice de taille m × n. Soit j0 un entier entre 1 et n. On appelle j0-ième colonne de A, la famille de m éléments de 𝕂 (ai,j0)1im.

Notation 1.1. On note habituellement les éléments d’une matrice sous forme de tableau. Par exemple, la matrice de taille 3 × 3 et d’éléments (ai,j)1i3,1j3 sera notée :

a1,1 a1,2 a1,3 a2,1 a2,2 a2,3 a3,1 a3,2 a3,3

Définition 1.4 (somme). Soient m,n deux entiers positifs. Soient A m,n(𝕂) et B m,n(𝕂). On note A=Δ(ai,j)1im,1jn et B=Δ(bi,j)1im,1jn. La matrice (ai,j + bi,j)1im,1jn est appelée la somme des deux matrices A et B. On la note A + B.

Exemple 1.1.

1 2 3 4 1 5 2 6 8 + 3 4 5 10 2 1 5 2 8 = 4 6 8 14 3 4 7 8 16

Définition 1.5 (produit externe). Soient m,n deux entiers positifs Soient A m,n(𝕂) et λ 𝕂. On note A=Δ(ai,j)1im,1jn. La matrice (λ ai,j)1im,1jn est appelée le produit de la matrice A par le scalaire λ. On la note λ A.

Exemple 1.2.

2 3 4 5 10 2 1 5 2 8 = 6 8 10 20 4 2 10 4 16

Définition 1.6. Soient m,n deux entiers positifs. Soit k un entier entre 1 et m et soit k un entier entre 1 et n. On note Ek,k=Δ(δik δjk ) la matrice de taille m × n dont tous les éléments sont nuls, sauf dans la case à la ligne k et à la colonne k dans laquelle la valeur est 1.

Propriété 1.1. Soient m,n deux entiers positifs (m,n(𝕂),+,) est un 𝕂-espace vectoriel de dimension m n. De plus, la famille des matrices élémentaire (Ei,jm,n)1im,1jn est une base de (m,n(𝕂),+,).

Preuve On sait que (𝕂,+,) est un 𝕂-espace vectoriel. Puis (m,n(𝕂),+,) est un 𝕂-espace vectoriel. La famille (Ei,j) est une base car la famille (1) est une base de (𝕂,+,).


Définition 1.7 (produit interne). Soient m,n,o trois entiers positifs. Soient A m,n(𝕂) et B n,o(𝕂). On note A=Δ(ai,j)1im,1jn et B=Δ(bi,j)1in,1ko. La matrice (ci,j) m,o(𝕂) définie par :

ci,j=Δ k=1na i,k bk,j,

pour 1 i m et 1 j o, est appelée le produit entre A et B, et est notée A × B.

Exemple 1.3.

1 2 4 1 2 6 × 3 4 5 10 2 1 = 23 8 3 22 18 19 66 20 4

Preuve

3 4 5
10 2 1





1 2 1 3 + 2 10 1 4 + 2 2 1 5 + 2 (1)
4 1 4 3 + 1 10 4 4 + 1 2 4 5 + 1 (1)
2 6 2 3 + 6 10 2 4 + 6 2 2 5 + 6 (1)

Propriété 1.2. Soient m,n,o,p quatre entiers. Soient A m,n(𝕂), B n,o(𝕂), C o,p(𝕂) trois matrices à valeur dans 𝕂.
Alors :

A × (B × C) = (A × B) × C.

Preuve

à faire en exercice


Propriété 1.3. Soient m,n,o trois entiers naturels. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. La fonction ϕ : n,o(𝕂) m,o(𝕂) qui à toute matrice B n,o(𝕂) de taille n × o à valeur dans 𝕂 associe la matrice A × B est une application linéaire entre (n,o(𝕂),+,) et (m,o(𝕂),+,).

Preuve

à faire en exercice


Définition 1.8 (transposée). Soient m,n deux entiers positifs Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n d’éléments de 𝕂. On note A=Δ(ai,j)1im,1jn. La matrice (aj,i)1jn,1im est une matrice de taille n × m d’éléments de 𝕂. Cette matrice est appelée la transposée de A et est noté TA.

Exemple 1.4. On a :

T 1 2 4 1 2 6 = 1 4 2 2 1 6 .

Propriété 1.4. Soient m,n deux entiers positifs. Soient i un entier entre 1 et m et j un entier entre 1 et n. Alors TEi,jm,n = Ej,in,m.

Preuve

à faire en exercice


Propriété 1.5. Soient m,n deux entiers positifs. La fonction ϕ : m,n(𝕂) n,m(𝕂) qui à chaque matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂 associe sa transposée est un isomorphisme entre (m,n(𝕂),+,) et (n,m(𝕂),+,).

Preuve

à faire en exercice


Propriété 1.6. Soient m,n,o trois entiers positifs. Soient A m,n(𝕂) et B n,o(𝕂) deux matrices de tailles m × n et n × o, et d’éléments de 𝕂. Alors, on a :

T(M × N) = TN ×TM.

Preuve

à faire en exercice


Propriété 1.7. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice à valeur dans 𝕂 et de taille m × n. Alors, on a :

T(TA) = A.

Preuve

à faire en exercice


Propriété 1.8. Soient m,n,o trois entiers naturels. Soit A n,o(𝕂) une matrice de taille n × o à valeur dans 𝕂. La fonction ϕ : m,n(𝕂) m,o(𝕂) qui à toute matrice B m,n(𝕂) de taille m × o à valeur dans 𝕂 associe la matrice B × A est une application linéaire entre (m,n(𝕂),+,) et (m,o(𝕂),+,).

Preuve Soit m,n,o trois entiers naturels. Soit A n,o(𝕂) une matrice de taille n × o à valeur dans 𝕂. La fonction ϕ : m,n(𝕂) m,o(𝕂) qui à toute matrice B m,n(𝕂) de taille m × n à valeur dans 𝕂 associe la matrice B × A. Soient B,Bm,n(𝕂) deux matrices de tailles m × n à valeur dans 𝕂 et soit λ 𝕂. On a :

(B + λ B) × A = T(T((B + λ B) × A)) (par la propriété 1.7) (B + λ B) × A = T(TA ×T(B + λ B)) (par la propriété 1.6) (B + λ B) × A = T(TA × (TB + λ (TB))) (par la propriété 1.5) (B + λ B) × A = T(TA ×TB + λ (TA ×TB))) (par la propriété 1.3) (B + λ B) × A = T(T(B × A) + λ T(B× A)) (par la propriété 1.6) (B + λ B) × A = T(T(B × A)) + λ T(T(B× A)) (par la propriété 1.5) (B + λ B) × A = B × A + λ B× A (par la propriété 1.7)

Donc ϕ est une application linéaire.


1.2 Transformations élémentaires

1.2.1 Matrice identité

Définition 1.9 (identité). Soient m,n deux entiers positifs. On note Im,n m,n(𝕂) la matrice carrée (δij)1im,1jn.

Exemple 1.5. Par exemple, on a :

I3,4 = 1 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0

Propriété 1.9. Soient m,n deux entiers positifs et soit A m,n(𝕂). On a : A = Im,m × A.

Preuve Soient m,n deux entiers positifs et soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. On note A=Δ(ai,j)1im,1jn. On note Im,m × A=Δ(bi,j)1im,1jn. Soit i un entier entre 1 et m, et j un entier entre 1 et n.

bi,j = k=1mδ ki a k,j.

On a i entre 1 et m, la somme s’annule partout sauf, pour k = i.

bi,j = ai,j.

Propriété 1.10. Soient m,n deux entiers positifs et soit A m,n(𝕂). On a : A = A ×In,n.

Preuve Soient m,n deux entiers positifs et soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. On note A=Δ(ai,j)1im,1jn. On note A ×In,n=Δ(bi,j)1im,1jn. Soit i un entier entre 1 et m, et j un entier entre 1 et n.

bi,j = k=1na i,k δjk.

On a j entre 1 et n, la somme s’annule partout sauf, pour k = j.

bi,j = ai,j.

Propriété 1.11. Soient m,n deux entiers positifs tels que m n, alors Im,n ×In,m = Im,m.

Preuve Soient m,n deux entiers positifs tels que m n.
On note Im,n ×In,m=Δ(ai,j)1im,1jm.
Soit i,j deux entiers entre 1 et m.
On a : ai,j = k=1nδik δkj.

  1. si i = j, alors la somme s’annule partout, sauf pour k = i. Puis ai,j = 1.
  2. sinon, la somme s’annule partout. Puis ai,j = 0.

1.2.2 Permutation de lignes et de colonnes

Définition 1.10 (matrice de permutation). Soit n . Soient k et k deux entiers entre 1 et n. On note Swapn(k,k) la matrice In,n En,n k,k En,n k,k + En,n k,k + En,n k,k.

Exemple 1.6. Par exemple :

Swap3(2,3) = 1 0 0 0 0 1 0 1 0 .

Propriété 1.12. Soit n et soient k,k deux entiers compris entre 1 et n. On a :

T(Swap n(k,k)) = Swap n(k,k).

Preuve Soit n et soient k,k deux entiers compris entre 1 et n. On a :

T(Swapn(k,k)) = T(In,n En,n k,k En,n k,k + En,n k,k + En,n k,k) T(Swapn(k,k)) = TIn,n TEn,n k,k TEn,n k,k + TEn,n k,k + TEn,n k,k T(Swapn(k,k)) = In,n En,n k,k En,n k,k + En,n k,k + En,n k,k T(Swapn(k,k)) = Swapn(k,k).

Propriété 1.13 (permutation de lignes). Soient m,n deux entiers positifs et soient k,k deux entiers compris entre 1 et m. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n d’éléments de 𝕂. Alors la matrice Swapm(k,k) × A est la matrice dont la l-ième ligne est la l-ième ligne de A pour l{k,k}, la k-ième ligne est la k-ième ligne de A, et la k-ième ligne est la k-ième ligne de A.

Preuve Soient m,n deux entiers positifs et soient k,k deux entiers compris entre 1 et m. Soit A une matrice de m,n(𝕂). On note A=Δ(ai,j)1im,1jn.
On a :

(Swapm(k,k) × A)i,j = l=1m(Swapm(k,k))i,l al,j (Swapm(k,k) × A)i,j = l=1m(δil δik δlk δik δlk + δik δlk + δik δlk ) al,j

Puis :

  1. pour i{k,k} :
    δil δ ik δ lk δ ik δlk + δik δlk + δ ik δ lk = δil.

    Puis :

    (Swapm(k,k) × A)i,j = l=1mδil al,j; (Swapm(k,k) × A)i,j = ai,j
  2. pour i = k et ik :
    δkl δ lk + δ lk = δlk

    Puis :

    (Swapm(k,k) × A)k,j = l=1mδlk al,j; (Swapm(k,k) × A)k,j = ak,j
  3. pour i = k et ik :
    δkl δ lk + δlk = δ lk

    Puis :

    (Swapm(k,k) × A) k,j = ak,j
  4. pour i = k et i = k :
    δkl δ lk δ lk + δlk + δ lk = δkl

    Puis :

    (Swapm(k,k) × A)k,j = ak,j (Swapm(k,k) × A)k,j = ak,j

Propriété 1.14 (permutation de colonnes). Soient m,n deux entiers positifs et soient k,k deux entiers compris entre 1 et n. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n d’éléments de 𝕂. Alors la matrice A ×Swapn(k,k) est la matrice dont la l-ième colonne est la l-ième colonne de A pour l{k,k}, la k-ième colonne est la k-ième colonne de A, et la k-ième colonne est la k-ième colonne de A.

Preuve Soient m,n deux entiers positifs et soient k,k deux entiers compris entre 1 et m. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n d’éléments de 𝕂.
On a : T(A ×Swapn(k,k)) = Swapn(k,k) ×TA.
Donc la transposée de A ×Swapn(k,k) est la transposée de A donc on a permuté les lignes k et k.
Puis A ×Swapn(k,k) est la matrice A dans laquelle on a permuté les colonnes k et k.


Exemple 1.7.

1 0 0 0 0 1 0 1 0 × 1 2 3 4 2 3 4 5 3 4 5 6 = 1 2 3 4 3 4 5 6 2 3 4 5 .
1 2 3 4 2 3 4 5 3 4 5 6 × 1 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 = 1 2 4 3 2 3 5 4 3 4 6 5 .

Propriété 1.15. Soit n un entier. Soient k,k deux entiers compris entre 1 et n. On a :

(Swapn(k,k))2 = I n,n

1.2.3 Multiplication d’une ligne ou d’une colonne par un scalaire

Définition 1.11 (matrice de dilatation). Soit n . Soient k un entier entre 1 et n et λ 𝕂 {0} un scalaire non nul. On note Dilatn(k,λ) la matrice In,n + (λ 1) En,n k,k .

Exemple 1.8. Par exemple,

Dilat3(2,4) = 1 0 0 0 4 0 0 0 1 .

Propriété 1.16. Soit n et soient k un entier compris entre 1 et n et λ 𝕂 {0} un scalaire non nul. On a : T(Dilatn(k,λ)) = Dilatn(k,λ).

Preuve Soit n et soient k un entier compris entre 1 et n et λ 𝕂 {0} un scalaire non nul. On a :

T(Dilatn(k,λ)) = T(In,n + (λ 1) En,n k,k ) T(Dilatn(k,λ)) = T(In,n) + T((λ 1) En,n k,k ) T(Dilatn(k,λ)) = T(In,n) + (λ 1) TEn,n k,k T(Dilatn(k,λ)) = In,n + (λ 1) En,n k,k T(Dilatn(k,λ)) = Dilatn(k,λ)

Propriété 1.17 (dilatation de lignes). Soient m,n deux entiers positifs et soient k un entier compris entre 1 et m et λ 𝕂 {0} un scalaire non nul. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n d’éléments de 𝕂. Alors la matrice Dilatm(k,λ) × A est la matrice dont la l-ième ligne est la l-ième ligne de A pour lk, la k-ième ligne est la k-ième ligne de A multipliée par le scalaire λ.

Preuve Soient m,n deux entiers positifs et soient k un entier compris entre 1 et m et λ 𝕂 {0} un scalaire non nul. Soit A une matrice de m,n(𝕂). On note A=Δ(ai,j)1im,1in.
On a :

(Dilatm(k,λ) × A)i,j = l=1m(Dilatm(k,λ))i,l al,j (Dilatm(k,λ) × A)i,j = l=1m(δil + (λ 1) δik δlk) alj

Puis :

  1. pour ik :
    δil + (λ 1) δ ik δ lk = δ il.

    Puis :

    (Dilatm(k,λ) × A)i,j = l=1mδil al,j; (Dilatm(k,λ) × A)i,j = ai,j
  2. pour i = k :
    δil + (λ 1) δ lk = λ δ il

    Puis :

    (Dilatm(k,λ) × A)k,j = l=1mλ δli al,j; (Dilatm(k,λ) × A)k,j = λ ai,j.

Propriété 1.18 (dilatation de colonnes). Soient m,n deux entiers positifs et soit k,k deux entiers compris entre 1 et n et λ 𝕂 {0} un scalaire non nul. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n d’éléments de 𝕂. Alors la matrice A ×Dilatn(k,λ) est la matrice dont la l-ième colonne est la l-ième colonne de A pour lk, la k-ième colonne est la k-ième colonne de A multipliée par le scalaire λ.

Preuve Soient m,n deux entiers positifs, soit k un entier compris entre 1 et n, et soit λ 𝕂 {0} un scalaire non nul. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n d’éléments de 𝕂.
On a : T(A ×Dilatn(k,λ)) = Dilatn(k,λ) ×TA.
Donc la transposée de A ×Dilatn(k,λ) est la transposée de A donc on a multiplié la k-ième ligne par λ.
Puis A ×Dilatn(k,λ) est la matrice A dans laquelle on a multiplié la colonne k par n.


Exemple 1.9.

1 0 0 0 2 0 0 0 1 × 1 2 3 4 2 3 4 5 3 4 5 6 = 1 2 3 4 4 6 8 10 3 4 5 6 .
1 2 3 4 2 3 4 5 3 4 5 6 × 1 0 0 0 0 1 0 0 0 0 2 0 0 0 0 1 = 1 2 6 4 2 3 8 5 3 4 10 6 .

Propriété 1.19. Soit n un entier, soit k un entier entre 1 et n, et soit λ,μ 𝕂 {0} deux scalaires non nuls. Alors Dilatn(k,λ) ×Dilatn(k,μ) = Dilatn(k,λ μ).

Preuve

à faire en exercice


1.2.4 Ajout de lignes et de colonnes

Définition 1.12 (matrice de combinaison). Soit n . Soient k et k deux entiers distincts entre 1 et n et soit λ 𝕂 un scalaire. On note Addn(k,k,λ) la matrice In,n + λ En,n k,k.

Exemple 1.10. Par exemple,

Add3(1,2,4) = 1 4 0 0 1 0 0 0 1 .

Propriété 1.20. Soit n et soient k,k deux entiers distincts compris entre 1 et n et soit λ 𝕂 un scalaire. On a : T(Addn(k,k,λ)) = Addn(k,k,λ).

Preuve Soit n et soient k,k deux entiers distincts compris entre 1 et n et soit λ 𝕂 un scalaire. On a :

T(Addn(k,k,λ)) = T(In,n + λ En,n k,k) T(Addn(k,k,λ)) = T(In,n) + T(λ En,n k,k) T(Addn(k,k,λ)) = In,n + λ TEn,n k,k T(Addn(k,k,λ)) = In,n + λ En,n k,k T(Addn(k,k,λ)) = Addn(k,k,λ).

Propriété 1.21 (ajout d’une ligne). Soient m,n deux entiers positifs et soient k,k deux entier distincts compris entre 1 et m, et soit λ 𝕂 un scalaire. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n d’éléments de 𝕂. Alors la matrice Addm(k,k,λ) × A est la matrice dont la l-ième ligne est la l-ième ligne de A pour lk, la k-ième ligne est la k-ième ligne de A plus la k-ième ligne de A multipliée par le scalaire λ.

Preuve Soient m,n deux entiers positifs et soient k,k deux entiers distincts compris entre 1 et m et λ 𝕂 un scalaire. Soit A une matrice de m,n(𝕂). On note A=Δ(ai,j)1im,1in.
On a :

(Addm(k,k,λ) × A)i,j = l=1m(Addm(k,k,λ))i,l al,j (Addm(k,k,λ) × A)i,j = l=1m(δil + λ δik δlk ) alj

Puis :

  1. pour ik :
    δil + λ δ ik δ lk = δil.

    Puis :

    (Addm(k,k,λ) × A)i,j = l=1mδil al,j; (Addm(k,k,λ) × A)i,j = ai,j
  2. pour i = k :
    δil + λ δ ik δ lk = δil + λ δ lk .

    Puis :

    (Addm(k,k,λ) × A)k,j = l=1mδil al,j + l=1mλ δlk al,j (Addm(k,k,λ) × A)k,j = ai,j + λ ak,j.

Propriété 1.22 (ajout d’une colonne). Soient m,n deux entiers positifs et soit k,k deux entiers distincts compris entre 1 et n et λ 𝕂 un scalaire. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n d’éléments de 𝕂. Alors la matrice A ×Addn(k,k,λ) est la matrice dont la l-ième colonne est la l-ième colonne de A pour lk, la k-ième colonne est la k-ième colonne de A plus la k-ième colonne de A multipliée par le scalaire λ.

Preuve Soient m,n deux entiers positifs, soit k,k deux entiers distincts compris entre 1 et n, et soit λ 𝕂 un scalaire. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n d’éléments de 𝕂.
On a : T(A ×Addn(k,k,λ)) = Addn(k,k,λ) ×TA.
Donc la transposée de A ×Addn(k,k,λ) est la transposée de A donc on a ajouté à la ligne k la ligne k multipliée par le scalaire λ.
Puis A ×Addn(k,k,λ) est la matrice A dans laquelle on a ajouté à la colonne k la colonne k multipliée par le scalaire λ.


Exemple 1.11.

1 2 0 0 1 0 0 0 1 × 1 2 3 4 2 3 4 5 3 4 5 6 = 5 8 11 14 2 3 4 5 3 4 5 6 .
1 2 3 4 2 3 4 5 3 4 5 6 × 1 2 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 = 1 4 3 4 2 7 4 5 3 10 5 6 .

Propriété 1.23. Soit n un entier, soit k,k deux entiers distincts entre 1 et n, et soit λ,μ 𝕂 deux scalaires. Alors Addn(k,k,λ) ×Addn(k,k,μ) = Addn(k,k,λ + μ).

Preuve

à faire en exercice


1.3 Matrices inversibles

1.3.1 Inversibilité à gauche et à droite

Définition 1.13 (matrice inversible à gauche). Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. On dit que A est inversible à gauche si et seulement si il existe une matrice B n,m(𝕂) de taille n × m à valeur dans 𝕂 telle que B × A = In,n.
La matrice B est alors appelée un inverse à gauche de A.

Exemple 1.12. La matrice :

1 2 2 1 3 4

a plusieurs inverses à gauche.

Par exemple, pour tout a,b 𝕂, la matrice :

1+5a 3 22a 3 a 25b 3 1+2b 3 b

est un inverse à gauche de la matrice :

1 2 2 1 3 4

.

Preuve

à faire en exercice


Définition 1.14 (matrice inversible à droite). Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. On dit que A est inversible à droite si et seulement si il existe une matrice B n,m(𝕂) de taille n × m à valeur dans 𝕂 telle que A × B = Im,m.
La matrice B est alors appelée un inverse à droite de A.

Exemple 1.13. La matrice :

1 2 3 2 1 4

a des inverses à droite.

Par exemple, pour tout a,b 𝕂, la matrice :

1+5a 3 25b 3 22a 3 1+2b 3 a b

est un inverse à droite de la matrice :

1 2 3 2 1 4

.

Preuve

à faire en exercice


Propriété 1.24. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. La matrice A est inversible à gauche si et seulement si la matrice TA est inversible à droite.

De plus, soit B n,m(𝕂) une matrice de taille n × m à valeur dans 𝕂. Alors la matrice B est un inverse à gauche de A si et seulement si la matrice TB est un inverse à droite de TA.

Preuve

à faire en exercice


Définition 1.15 (matrice inversible). Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. On dit que A est inversible si et seulement si il existe une matrice B m,n(𝕂) telle que A × B = Im,m et B × A = In,n.
La matrice B est alors appelée un inverse de A.

Notation 1.2. Si une matrice A est inversible, son inverse est noté A1.

Exemple 1.14. La matrice :

1 2 3 1 4 6 1 8 10

est inversible.
De plus, son inverse est :

2 1 0 1 7 4 3 4 1 3 2 1 2 .

Preuve

à faire en exercice


Propriété 1.25. Les matrices carrés de transformation élémentaire sont inversibles.

Preuve Soit n un entier naturel.

  1. Par la propriété 1.10, on a :
    In,n ×In,n = In,n.

    Donc In,n est inversible et son inverse est In,n.

  2. Soit B n,n(𝕂) est une matrice de permutation. Alors, par la propriété 1.15, on a : B × B = In,n.
    Donc la matrice B est inversible et son inverse est B.
  3. Soit k tel que 1 k n. Soit λ 𝕂 {0}. Par la propriété 1.19, on a : Dilatn(k,λ) ×Dilatn(k, 1 λ) = Dilatn(k,1) et Dilatn(k, 1 λ) ×Dilatn(k,λ) = Dilatn(k,1). Or Dilatn(k,1) = In,n.
    Donc Dilatn(k,λ) est inversible et son inverse est Dilatn(k, 1 λ).
  4. Si il existe k,k deux entiers distincts entre 1 et n et λ 𝕂. Alors, par la propriété 1.23, on a :Addn(k,k,λ) ×Addn(k,k,λ) = Addn(k,k,0) et Addn(k,k,λ) ×Addn(k,k,λ) = Addn(k,k,0). Or, Addn(k,k,0) = In,n.
    Donc Addn(k,k,λ) est inversible et son inverse est Addn(k,k,λ).

Propriété 1.26. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n qui a un admet un inverse à droite B n,m(𝕂) et un inverse à gauche C m,n(𝕂). Alors B = C (et A est inversible).

Preuve Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n qui a un admet un inverse à droite B n,m(𝕂) et un inverse à gauche C m,n(𝕂).
On a :

B = B ×Im,m (par la propriété 1.10) B = B × (A × C) (par la définition 1.14) B = (B × A) × C (par la propriété 1.2) B = In,n × C (par la définition 1.13) B = C (par la propriété 1.9).

Donc B = C.


1.3.2 Inversion à gauche

Propriété 1.27. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂 telle que A soit inversible à gauche. Alors,

  1. pour toute matrice X n,1(𝕂) de talle n × 1 à valeur dans 𝕂, on a : A × X = (0)1im,j=1X = (0)1in,j=1 ;
  2. les colonnes de A forment une famille libre de n.

Preuve

à faire en exercice


Propriété 1.28. Soient m,n deux entiers positifs. La matrice identité Im,n est inversible à gauche si et seulement si m n.

Preuve

  1. ( ) Soient m,n deux entiers positifs tels que m n.
    On a par la propriété ??, In,m ×Im,n = In,n. Donc Im,n est inversible à gauche.
  2. ( ) Soient m,n deux entiers positifs tels que Im,n soit inversible à gauche. Les colonnes de Im,n forment une famille libre, donc il n’y a pas de colonne nulle, puis m n.

Propriété 1.29. Soient m,n deux entiers positifstels que m n. Soit A n,m(𝕂). On note A = (ai,j)1in,1jm. Alors A est un inverse à gauche de Im,n si et seulement si pour tout i entre 1 et n et tout j entre 1 et n, on a : ai,j = δji.

Preuve

à faire en exercice


Propriété 1.30. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. Soit B m,m(𝕂) une matrice inversible de taille m × m. Alors A est inversible à gauche si et seulement si B × A est inversible à gauche.

Propriété 1.31. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. Soit B m,m(𝕂) une matrice inversible de taille m × m. Soit C n,m(𝕂) une matrice de taille n × m à valeur dans 𝕂. Alors C est un inverse à gauche de A si et seulement si C × B1 est un inverse à gauche de B × A est inversible à gauche.

Preuve On prouve les propriété 1.30 et 1.31 en même temps.

  1. ( ) Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. Soit B m,m(𝕂) une matrice carrée inversible de taille m. On suppose que A est inversible à gauche. Soit C n,m(𝕂) un inverse à gauche de A.
    On a :
    (C × B1) × (B × A) = (C × (B1 × B)) × A (par la propriété 1.2) (C × B1) × (B × A) = (C ×Im,m) × A (par la définition 1.15) (C × B1) × (B × A) = C × A (par la propriété 1.10) (C × B1) × (B × A) = In,n (par la définition 1.13)
  2. () Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. Soit B m,m(𝕂) une matrice inversible telle que B × A soit inversible. On a : B1 est une matrice inversible et de plus A = B1 × (B × A). On peut dont appliquer la preuve du sens direct ( ) de la propriété que l’on est en train de montrer. Ainsi, A est inversible à gauche.

Définition 1.16. Soient m,n deux entiers positifs. Une matrice A m,n(𝕂) de taille m × n est dite échelonnée, si et seulement si il existe une fonction pivot qui associe à chaque indice de ligne de A non nulle un indice de colonne, tel que :

  1. Pour chaque ligne non nulle d’indice i, la première colonne non nulle a pour indice pivot(i).
  2. Pour chaque ligne non nulle d’indice i, Ai,pivot(i) = 1.
  3. Pour chaque ligne i non nulle, Ai,pivot(i) est le seul élément non nul de la colonne pivot(i).
  4. Pour chaque paire de lignes non nulles, d’indice i et j, on a : i < jpivot(i) < pivot(j).
  5. Les lignes nulles, si il y en a, sont à la fin de la matrice.

Exemple 1.15. La matrice

1 0 0 5 0 0 1 4 0 0 0 0

est échelonnée. La fonction pivot associe 1 à 1 (le pivot de la première ligne est sur la première colonne), et 2 à 3 (le pivot de la seconde ligne est sur la troisième colonne).

Algorithme 1.1 (pivot de Gaus). Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n. Alors, quitte à permuter les lignes de A, multiplier les lignes de A par une constante non nulle, et ajouter à une ligne une autre ligne multipliée par une constante, alors on peut écrire A sous forme échelonnée.
On suppose m 1 et n 1.

  1. Posons p 1.
  2. Si A n’est pas échelonnée, on prend la première colonne j0 telle qu’il existe une ligne i0 telle que ai,j0, avec i p.
  3. On permute la ligne p et la ligne i0.
  4. On utilise la ligne p pour annuler le reste de la colonne j0.
  5. On pose p p + 1.

Preuve On montre par récurrence que les p 1 premières lignes de A forment une matrice échelonnée.


Propriété 1.32. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice échelonnée à valeur dans 𝕂. Alors la matrice A a un inverse à gauche si et seulement si A = Im,n et m n.

Preuve Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice échelonnée à valeur dans 𝕂.

  1. ( ) Si m n et A = Im,n.
    Alors, par la propriété 1.28, A est inversible à gauche.
  2. () Soit B n,m(𝕂) un inverse à gauche de A. Supposons, par l’absurde, qu’il existe une colonne sans pivot. Prenons la colonne sans pivot d’indice minimal j0. On a :
    1. j0 min(m,n).
    2. Pour k,k 𝕂 tels que 1 k < j0 et 1 k < j0, ak,k = δkk.
    3. Pour k 𝕂 tel que j0 k m, on a : ak,j0 = 0.

    Puis, pour i entre 1 et l, on a :

    k=1j01a k,j0 ai,k = k=1j01a k,j0 δki.

    On distingue deux cas :

    1. si i < j0, on a :
      k=1j01ak,j 0 ai,k = ai,j0
    2. si i j0, on a :
      k=1j01ak,j 0 ai,k = 0, k=1j01ak,j 0 ai,j = ai,j0.

    Dans les deux cas,

    k=1j01ak,j 0 ai,k = ai,j0.

    Ainsi la colonne j0 est la combinaison linéaire des colonnes 1 à j0 1 avec les coefficients a1,j0 à aj01,j0.
    Puis les colonnes de A ne sont pas libres.
    Donc ??, A n’est pas inversible à gauche.


Propriété 1.33. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice à valeur dans 𝕂. Alors les propriétés suivantes sont équivalentes :

  1. A a un inverse à gauche ;
  2. A peut s’écrire sous la forme B ×Im,n où B est le produit de 0, une, ou plusieurs matrices de transformation élémentaire, toutes carrées et de taille m.

Preuve

à faire en exercice


Algorithme 1.2 (inversion à gauche). Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂).

  1. On utilise l’algorithme 1.1 permet de vérifier si A a un inverse à gauche.
    • soit la matrice n’est pas inversible ;
    • soit la matrice est inversible :
      1. on a calculé une matrice B m,m(𝕂) carrée de taille m et à valeur dans 𝕂 qui vérifie : B × A = Im,n ;
      2. on calcule B ×Im,m en faisant agir les mêmes transformations élémentaires qui ont transformé A en Im,n sur Im,m ;
      3. l’ensemble des inverses à gauche de A est alors l’ensemble des matrices C × B ×Im,m pour chaque matrice C=Δ(ci,j)1in,1jm n,m(𝕂) de taille n × m à valeur dans 𝕂 et telle que pour tout i tel que 1 i n et pour tout j tel que 1 i n, on ait ci,j = δji.

Preuve

à faire en exercice


Exemple 1.16. Reprenons l’exemple 1.12. On fait agir en parallèle les mêmes transformations sur la matrice

1 2 2 1 3 4

et la matrice Im,m :




12 2 1 3 4 100 0 1 0 0 01



L2 L2 2 L1 L3 L3 3 L1 1 2 0 3 0 2 1 00 2 1 0 301



L2 1 3 L2 1 2 0 1 0 2 1 0 0 2 3 1 3 0 3 0 1



L1 L1 2 L2 L3 L3 + 2 L2 10 0 1 0 0 1 3 2 3 0 2 3 1 3 0 5 3 2 3 1



Puis les inverses à gauche de

1 2 2 1 3 4

sont les matrices de la forme :

1 0 a 0 1 b × 1 3 2 3 0 2 3 1 3 0 5 3 2 3 1 .

Puis les inverses à gauche de

1 2 2 1 3 4

sont les matrices :

1+5a 3 2+2a 3 a 25b 3 1+2b 3 b .

Lemme 1. Soit n un entier naturel. Soient k,k tels que 1 k n et 1 k n. Soit B m,n(𝕂) une matrice carrée de transformation élémentaire et de taille n. Alors il existe une matrice C n,n(𝕂) carrée de transformation élémentaire et telle que :

Swapn(k,k) × B = C ×Swap n(k,k)

Preuve Soit n un entier naturel. Soient k,k tels que 1 k n et 1 k n. Soit B m,n(𝕂) une matrice carrée de transformation élémentaire et de taille n.

On note  :

σ=Δ l l si l{k,k} l ksi l = k l k si l = k.

On distingue plusieurs cas sur la forme de B :

  1. si B = In,n,

    on a : Swapn(k,k) ×In,n = In,n ×Swapn(k,k) ;

  2. si B est une matrice de permutation,

    soient l et l entre 1 et n, tels que B = Swapn(l,l),

    on a : Swapn(k,k) ×Swapn(l,l) = Swapn(σl,σl) ×Swapn(k,k) ;

  3. si B est une matrice de dilatation,

    soient l entre 1 et n et λ 𝕂 {0},

    on a : Swapn(k,k) ×Dilatn(l,λ) = Dilatn(σ(l),λ) ×Swapn(k,k) ;

  4. si B est une matrice de d’ajout,

    soient l,l entre 1 et n et λ 𝕂,

    on a : Swapn(k,k) ×Addn(l,l,λ) = Addn(σl,σl,λ).


Lemme 2. Soient m,n deux entiers positifs. Soit B m,m(𝕂) une matrice carrée de transformation élémentaire, de taille m, qui n’est pas une matrice de permutation. Alors il existe une matrice carrée C n,n(𝕂) de transformation élémentaire, de taille n telle que B ×Im,n = Im,n × C.

Preuve

à faire en exercice


Théorème 1.1. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice à valeur dans 𝕂. Alors les assertions suivantes sont équivalentes :

  1. A est inversible à gauche ;
  2. m n et A peut s’écrire sous la forme B ×Im,n où B est le produit de 0, une, ou plusieurs matrices de transformation élémentaire, toutes carrées et de taille m ;
  3. les lignes de A forment une famille génératrice de n ;
  4. les colonnes de A forment une famille libre dans m ;
  5. pour toute matrice X n,1(𝕂) telle que A × X = (0)1in,j=1, on a X = (0)1im,j=1 ;
  6. pour toute matrice Y n,1(𝕂), il existe une matrice X m,1(𝕂) telle que TA × X = Y .

1.3.3 Inverse à droite

Algorithme 1.3 (inversion à droite). Soit A m,n(𝕂) une matrice de taille m × n à valeur dans 𝕂. On utilise l’algorithme 1.2 pour décider si la transposée de A est inversible à gauche, et calculer ses inverses à gauche.

  1. si TA n’est pas inversible à gauche, alors A n’est pas inversible à droite ;
  2. les inverses à droites de A sont alors les transposées des inverses à gauche de TA.

Preuve

à faire en exercice


Théorème 1.2. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice à valeur dans 𝕂. Alors les assertions suivantes sont équivalentes :

  1. A est inversible à droite ;
  2. m n et A peut s’écrire sous la forme Im,n × B où B est le produit de 0, une, ou plusieurs matrices de transformation élémentaire, toutes carrées et de taille n ;
  3. les colonnes de A forment une famille génératrice de m ;
  4. les lignes de A forment une famille libre dans n ;
  5. pour toute matrice X m,1(𝕂) telle que TA × X = (0)1in,j=1, on a X = (0)1im,j=1 ;
  6. pour toute matrice Y m,1(𝕂), il existe une matrice X n,1(𝕂) telle que A × X = Y .

1.3.4 Inverses

Propriété 1.34. Soit n un entier naturel. Soit A n,n(𝕂) une matrice carrée de taille n et à valeur dans 𝕂. Alors A est inversible à gauche si et seulement si A est inversible à droite.

Preuve Soit n un entier naturel. Soit A n,n(𝕂) une matrice carrée de taille n et à valeur dans 𝕂. Alors les assertions suivantes sont équivalentes :

  1. A est inversible à gauche ;
  2. les lignes de A forment une famille génératrice de (n,+,) ;
  3. les lignes de A forment une famille libre dans (n,+,) ; (pour des raisons de dimensions)
  4. A est inversible à droite. (par le théorème ??)

Propriété 1.35. Soit n un entier naturel. Soit A n,n(𝕂) une matrice carrée de taille n et à valeur dans 𝕂. Alors un inverse à gauche de A est aussi un inverse à droite de A (et réciproquement).

Preuve Soit n un entier naturel. Soit A n,n(𝕂) une matrice carrée de taille n et à valeur dans 𝕂. Soit B n,n(𝕂) un inverse à gauche de A. On sait que A est inversible à gauche. Donc il est aussi inversible à droite. Soit C n,n(𝕂) un inverse à droite. On sait par la propriété 1.26, que B = C.


Propriété 1.36. Soit n un entier naturel. Alors les matrices inversibles de n,n(𝕂) sont les matrices obtenues comme produit d’un nombre arbitraire de matrices élémentaires carrées de taille n.

Algorithme 1.4 (pivot de Gauss sur une matrice carrée). Soit n un entier naturel. Soit A n,n(𝕂) une matrice carrée de taille n à valeur dans 𝕂.
On suppose que n 1.

  1. On pose p = 1, X0 = A, et Y 0 = In,n.
  2. Si p = n + 1, A est inversible, et son inverse est Y n.
  3. On note Xp1 = (xi,j)1in,1jn.
  4. Si pour tout i p, xi,p = 0 alors la matrice A n’est pas inversible.
  5. On prends le plus petit indice i0 tel que i0 p et tel que xi0,p0.
  6. On permute la ligne p et la ligne i0 à la fois dans la matrice Xp1 et dans la matrice Y p1.
  7. On utilise la ligne p pour annuler le reste de la colonne j0 dans la matrice Xp1, tout en effectuant les mêmes transformations dans la matrice Y p1
  8. On pose Xp et Y p les matrices obtenues.
  9. p p + 1,

Preuve On a appliqué l’algorithme 1.1, en remarquant que si on forme une colonne qui s’annule sur toutes les lignes qui n’ont pas encore de pivots, alors on ne peut pas obtenir la matrice In,n à la fin. On prouve, en case de succès de l’algorithme, que pour tout p, on a : A = Y p × Ap. Puis, Y n est l’inverse de A.


Exemple 1.17. La matrice :

1 2 3 2 1 3 0 1 1

n’est pas inversible.

En effet,



123 2 1 3 0 11


L2 L2 2 L1 1 2 3 0 3 3 0 1 1


L2 1 3 L2 123 0 1 1 0 11


L1 L1 2 L2 L3 L3 L2 101 0 1 1 0 00


Cette dernière matrice n’est pas inversible, car elle a une ligne nulle (donc ces lignes ne forment pas une famille libre de 3).

Exemple 1.18. La matrice :

1 2 3 1 2 4 0 1 2

est inversible.

On trouve son inverse par pivot de Gauss :




123 1 2 4 0 12 100 0 1 0 0 01



L2 L2 L1 123 0 0 1 0 12 1 00 1 1 0 0 01



L2 L3 123 0 1 2 0 01 1 00 0 0 1 110



L1 L1 2 L2 10 1 0 1 2 0 0 1 1 0 2 0 0 1 11 0



L1 L1 + L3 L2 L2 2 L3 100 0 1 0 0 01 0 1 2 2 2 1 1 1 0



.

On peut vérifier que la matrice :

0 1 2 2 2 1 1 1 0

est l’inverse de la matrice :

1 2 3 1 2 4 0 1 2

1 2 3
1 2 4
0 1 2






0 1 2 1 2 2 4 4
2 2 1 2 2 4 4 + 1 6 8 + 2
1 1 0 1 + 1 2 + 2 3 + 4
.

Théorème 1.3. Soient m,n deux entiers positifs. Soit A m,n(𝕂) une matrice à valeur dans 𝕂. Alors les assertions suivantes sont équivalentes :

  1. A est inversible ;
  2. A peut s’écrire sous la forme d’un produit de 0, une, ou plusieurs matrices de transformation élémentaire, toutes carrées et de taille n ;
  3. m n et les colonnes de A forment une famille génératrice de m ;
  4. m n et les colonnes de A forment une famille libre de m ;
  5. m n et les lignes de A forment une famille libre dans n ;
  6. m n et les lignes de A forment une famille génératrice de n.
  7. m n et pour toute matrice X m,1(𝕂) telle que TA × X = (0)1in,j=1, on a X = (0)1im,j=1 ;
  8. m n et pour toute matrice Y m,1(𝕂), il existe une matrice X n,1(𝕂) telle que A × X = Y .
  9. m n et pour toute matrice X n,1(𝕂) telle que A × X = (0)1im,j=1, on a X = (0)1in,j=1 ;
  10. m n et pour toute matrice Y n,1(𝕂), il existe une matrice X m,1(𝕂) telle que TA × X = Y .