Lois internes

Jérôme Feret
DIENS (INRIA,ÉNS,CNRS)

19/26 janvier 2017

1 Lois internes

Définition 1.1. Soit A un ensemble. Une loi interne sur A est une fonction de A × A dans A.

Exemple 1.1. La fonction vide est une loi interne sur l’ensemble vide.

Exemple 1.2. La fonction qui à la paire (1,1) associe 1 est une loi interne sur le singleton {1}.

Exemple 1.3. L’addition + et le produit sont des lois internes pour , , , ou .

Exemple 1.4. La soustraction est une loi interne pour , , ou .

Exemple 1.5. Si A est un ensemble, alors la composition est une loi interne sur l’ensemble (A) des fonctions de A dans A.

Exemple 1.6. La fonction qui associe à toute paire (x,y) de rationnels, le rationnel x + 2 y, est une loi interne sur .

Exemple 1.7. Soit A un ensemble. La fonction qui à une paire (x,y) A2 d’éléments de A associe le premier élément x de cette paire, est une loi interne sur A. est la projection selon la première coordonnée.

Notation 1.1. Si est une loi interne sur l’ensemble A, alors, pour tous éléments x, y de l’ensemble A, l’élément (x,y) est habituellement noté x y.

2 Associativité

Définition 2.1. Une loi interne sur un ensemble A est dite associative si et seulement si, pour tous éléments x, y, z de l’ensemble A, on a : x (y z) = (x y) z.

Exemple 2.1. La loi interne sur l’ensemble vide est associative.

Preuve Par définition, × = . De plus pour toute propriété P, x ,P(x) est vrai.
Donc la loi interne sur l’ensemble vide est donc associative.

Exemple 2.2. Une loi interne sur un singleton est associative.

Preuve Soit S un singleton. On note S = {a}. Soit une loi interne sur S. Par définition, a a S. Comme S n’a qu’un élément, on a : a a = a.
Puis, soient x,y,z A trois éléments de A.
  On a : x = a, y = a, et z = a.
  D’où, x (y z) = a (a a) x (y z) = a a x (y z) = (a a) a x (y z) = (x y) z.

Donc est associative.


Exemple 2.3. L’addition + et la multiplication sont des lois internes associatives sur , , , ou .

Exemple 2.4. La soustraction n’est associative ni sur , ni sur , ni sur .

Exemple 2.5. Si A est un ensemble, la composition est une loi associative sur (A).

Preuve Soit f,g,h (A).

  1. [fg]h et f [gh] sont deux fonctions de A dans A.
  2. Soit a A.
    On a : [[fg]h](a) = [fg](h(a)) [[fg]h](a) = f(g(h(a))) [[fg]h](a) = f([gh](a)) [[fg]h](a) = [f[gh]](a)

Donc [fg]h = f [gh].
Puis est associative.


Exemple 2.6. La loi interne définie sur par x y=Δx + 2 y n’est pas associative.

Preuve En effet, on a : 1 (1 1) = 1 (1 + 2 1) 1 (1 1) = 1 3 1 (1 1) = 1 + 2 3 1 (1 1) = 7

et : (1 1) 1 = (1 + 2 1) 1 (1 1) 1 = 3 1 (1 1) 1 = 3 + 2 1 (1 1) 1 = 5.

Or 57.
Donc n’est pas associative.


Exemple 2.7. Soit A un ensemble. La projection p1 sur la première coordonnée est une loi associative sur A.

Preuve est bien une loi interne sur A.
De plus, soit x,y,zA,
on a : (xy)z = xy (xy)z = x (xy)z = x(yz)

Donc est associative.


Proposition 2.1. Si est une loi interne associative sur un ensemble A, alors pour tous x, y, z, t éléments de A, on a : x (y (z t)) = ((x y) z) t.

Preuve Soit est une loi interne associative sur un ensemble A, alors pour tout x, y, z, t A, on a : x (y̲ (z̲ t̲)) = x̲ ((y z̲) t̲) x (y (z t)) = (x̲ (y̲ z̲)) t x (y (z t)) = ((x y) z) t

Notation 2.1. Lorsqu’une loi est associative, on omet généralement les parenthèses.

3 Commutativité

Définition 3.1. Une loi interne sur un ensemble A est dite commutative si et seulement si, pour tous éléments x, y de l’ensemble A, on a : x y = y x.

Exemple 3.1. La loi interne définie sur l’ensemble vide, est commutative.

Preuve Par définition, × = . De plus pour toute propriété P, x ,P(x) est vrai.
Donc la loi interne définie sur l’ensemble vide est commutative.


Exemple 3.2. Une loi interne définie sur un singleton, est commutative.

Preuve Soit S un singleton. On note S = {a}. Soit une loi interne sur S. Puis, soit x,y A. On a x = a et y = a. D’où, x y = a a x y = y x.

Donc est commutative.


Exemple 3.3. L’addition + et la multiplication sont des lois internes commutatives sur , , , ou .

Exemple 3.4. Si A est un ensemble contenant au moins deux éléments, la composition définie sur (A) n’est pas une loi commutative.

Preuve Soit A un ensemble contenant au moins deux éléments. Soit a,b A deux éléments distincts. Notons :

f : A Ax a  et g : A Ax b

On a : (g f)(a) = g(f(a)) (g f)(a) = g(a) (g f)(a) = b

et : (f g)(a) = f(g(a)) (f g)(a) = f(b) (f g)(a) = a.

Or ab. donc g ff g.
Donc n’est pas commutative.


Exemple 3.5. La loi interne définie sur par x y=Δx + 2 y n’est pas commutative.

Preuve On a : 0 1 = 2 et 1 0 = 1. Or 21. Donc n’est pas commutative.


Proposition 3.1. Si est une loi interne associative et commutative sur un ensemble A, alors pour tous x, y, z, t éléments de l’ensemble A, on a : x (y (z t)) = ((t y) z) x.

Preuve Soit est une loi interne associative et commutative sur un ensemble A, alors pour tout x, y, z, t A, on a : x (y (z̲ t̲)) = x (y̲ (t̲ z̲)) x (y (z t)) = x ((y̲ t̲) z) x (y (z t)) = x̲ ((t y) z)̲ x (y (z t)) = ((t y) z) x

4 Élements neutres

Définition 4.1. Soit A un ensemble muni d’une loi interne .

  1. un élément 𝜀dA est un élément neutre à droite pour la loi si et seulement si pour tout élément x A, on a x 𝜀d = x.
  2. un élément 𝜀gA est un élément neutre à gauche pour la loi si et seulement si pour tout élément x A, on a 𝜀g x = x.
  3. un élément 𝜀A est un élément neutre pour la loi si et seulement si c’est un élément neutre à droite pour la loi et un élément neutre à gauche pour la loi .

Exemple 4.1. La loi interne définie sur l’ensemble vide n’a pas d’élément neutre.

Exemple 4.2. Une loi interne définie sur un singleton admet un élément neutre (le seul élément du singleton).

Exemple 4.3. Par exemple, 0 est un élément neutre pour la loi + définie sur , , , et , alors que 1 est un élément neutre pour définie sur , , , et .

Exemple 4.4. Si A est un ensemble, la fonction identité est un élément neutre pour la composition définie sur (A).

Exemple 4.5. Soit la loi interne, définie sur par x y=Δx + 2 y. 0 est un élément neutre à droite pour la loi , mais il n’y a pas d’élément neutre à gauche pour la loi .

Preuve

  1. Pour x , on a x 0 = x + 2 0, puis x 0 = x.
    Donc 0 est neutre à droite.
  2. Par l’absurde, soit 𝜀g un élément neutre à gauche.
    On aurait : 𝜀g 0 = 0 (car 𝜀g est neutre à gauche) et 𝜀g 0 = 𝜀g (par définition de ). D’où 𝜀g = 0.
    Mais on aurait aussi : 𝜀g 1 = 1 (car 𝜀g est neutre à gauche) et 𝜀g 1 = 𝜀 + 2 (par définition de ). D’où 𝜀g = 1.
    Or 0 = 1 (Absurde).
    Donc n’a pas de neutres à gauche.

Proposition 4.1. Soit A un ensemble muni d’une loi interne . Si admet à la fois un élément neutre à droite et un élément neutre à gauche, alors admet un élément neutre.

Preuve Soit A un ensemble muni d’une loi interne . Soit 𝜀d un élément neutre à droite et 𝜀g un élément neutre à gauche. On a : 𝜀g 𝜀d = 𝜀d (car 𝜀g est neutre à gauche) et 𝜀g 𝜀d = 𝜀g (car 𝜀d est neutre à droite). D’où 𝜀d = 𝜀g. Puis 𝜀d est un élément neutre.


Proposition 4.2. Soit A un ensemble muni d’une loi interne . Si admet un élément neutre, alors admet un unique élément neutre.

Preuve Soit A un ensemble muni d’une loi interne . Soit 𝜀1 et 𝜀2 deux éléments neutres. On a : 𝜀1 𝜀2 = 𝜀2 (car 𝜀1 est neutre à gauche) et 𝜀1 𝜀2 = 𝜀1 (car 𝜀2 est neutre à droite). D’où 𝜀1 = 𝜀2.


5 Inverses

Définition 5.1. Soit une loi interne sur un ensemble A qui admet un élément neutre 𝜀 et soit x,y deux éléments de A. On dit que :

  1. y est un inverse à gauche de x si et seulement si y x = 𝜀.
  2. y est un inverse à droite de x si et seulement si x y = 𝜀.
  3. y est un inverse de x si et seulement si y est un inverse à droite de x, et un inverse à gauche de x.

Un élément x A est dit inversible si et seulement si il admet un inverse.

Exemple 5.1. L’entier 0 est le seul élément inversible pour la loi + définie sur .

Exemple 5.2. Tous les éléments de (resp. , resp. ) sont inversibles pour la loi +.

Exemple 5.3. L’élément 1 est le seul élément inversible de (resp. ) pour la loi .

Exemple 5.4. Tous les éléments sauf 0 sont inversibles pour les lois définies sur et .

Exemple 5.5. La fonction :

f=Δ n n + 1

a des inverses à gauche, mais pas d’inverse à droite, pour la composition définie sur ().

Preuve

  1. Soit k .
    On considère la fonction gk=Δ 0 k n > 0n 1
    On a bien gk ().
    De plus, pour n , on a : [gk f](n) = gk(f(n)) [gk f](n) = gk(n + 1) [gk f](n) = (n + 1) 1         (car n + 1 > 0) [gk f](n) = n.

    Donc [gk f] = Id.
    Puis gk est un inverse à gauche de f.

  2. Soit g un inverse à gauche de f.
    On a, pour n  : [g f](n) = g(f(n)) [g f](n) = g(n + 1).

    Or g est un inverse à gauche de f, donc : [g f] = Id, puis [g f](n) = n.
    Donc pour tout n , g(n + 1) = n.
    Puis pour tout m {0}, g(m) = m 1 (on a posé m = n + 1).
    Donc g = gg(0). Ce qui prouve qu’il n’y a pas d’autre inverse à gauche.

  3. Par l’absurde, on considère g un inverse à droite de f.
    On aurait : [f g](0) = f(g(0)) [f g](0) = g(0) + 1.

    et : [f g](0) = Id(0) [f g](0) = 0.

    D’où g(0) + 1 = 0, puis g(0) = 1 (ce qui est absurde car g(0) ).
    Donc g n’est pas un inverse à droite de f.


Exemple 5.6. La fonction :

f=Δ 0 0 n n 1

a exactement un inverse à droite, mais pas d’inverse à gauche, pour la composition définie sur ().

Preuve

  1. On considère la fonction g=Δ n n + 1 .
    On a bien g ().
    De plus, pour n , on a : [f g](n) = f(g(n)) [f g](n) = f(n + 1) [f g](n) = (n + 1) 1         (car n + 1 > 0) [f g](n) = n

    Donc [f g] = Id.
    Puis g est un inverse à droite de f.

  2. Soit h un inverse à droite de f.
    On a, pour n , [f h](n) = f(h(n)) et, comme [f h] = Id, [f h](n) = n.
    D’où n = f(h(n)).
    Puis, si h(n) > 0, alors n = h(n) 1, puis h(n) = n 1 et n > 0.
    Par contraposé, si n = 0 alors h(n) = 0.
    D’où h(0) = 0.
    De plus, pour tout n > 0, h(n) > 0 (sinon n = f(h(n)), puis n = 0), et donc h(n) = n 1.
    Donc f a au plus un inverse à droite.
  3. Par l’absurde, on considère g un inverse à gauche de f.
    On aurait : [g f](0) = g(f(0)) [g f](0) = g(0).

    et : [g f](0) = Id(0) [f g](0) = 0.

    Mais on aurait aussi : [g f](1) = g(f(1)) [g f](1) = g(0).

    et : [g f](1) = Id(1) [g f](1) = 1.

    D’où 0 = 1 ce qui est absurde. Donc g n’est pas un inverse à gauche de f.


Exemple 5.7. La fonction :

f=Δ n n + 1

a un inverse à gauche et un inverse à droite, pour la composition définie sur ().

Preuve

  1. On considère la fonction g=Δ n n 1.
    On a bien g ().
    De plus, pour n , on a : [g f](n) = g(f(n)) [g f](n) = g(n + 1) [g f](n) = (n + 1) 1 [g f](n) = n

    Donc [g f] = Id.
    Puis g est un inverse à gauche de f.

  2. Soit h un inverse à gauche de f.
    On a, pour n  : [h f](n) = h(f(n)) [h f](n) = h(n + 1)

    Or h est un inverse à gauche de f, donc : [h f] = Id, puis [h f](n) = n.
    Donc pour tout n , h(n + 1) = n.
    Puis pour tout m , h(m) = m 1 (on a posé m = n + 1).
    Donc il existe au plus un inverse à gauche de f.

  3. On considère la fonction g=Δ n n 1 .
    On a bien g ().
    De plus n , on a : [f g](n) = f(g(n)) [f g](n) = f(n 1) [f g](n) = (n 1) + 1 [f g](n) = n

    Donc [f g] = Id.
    Puis g est un inverse à droite de f.

  4. Soit h un inverse à droite de f.
    On a, pour n  : [f h](n) = f(h(n)) [f h](n) = h(n) + 1

    Or h est un inverse à droite de f, donc : [f h] = Id, puis [f h](n) = n.
    Donc pour tout n , n = h(n) + 1.
    Puis pour tout n , h(n) = n 1.
    Donc il existe au plus un inverse à droite de f.


Exemple 5.8. La fonction :

f=Δ 0 0 n n 1

n’a d’inverse ni à gauche, ni à droite, pour la composition définie sur (𝒵).

Preuve

  1. Par l’absurde, soit g un inverse à gauche de f.
    [g f](0) = g(f(0)) [g f](0) = g(0)

    Or g est un inverse à gauche, donc [g f] = Id.
    Puis [g f](0) = 0.
    Ainsi g(0) = 0.

    De plus, [g f](1) = g(f(1)) [g f](1) = g(0)

    Or g est un inverse à gauche, donc [g f] = Id.
    Puis [g f](1) = 1.
    Ainsi g(0) = 1.

    Ainsi 0 = 1 ce qui est absurde.
    Donc f n’a pas d’inverse à gauche.

  2. Par l’absurde, soit g un inverse à droite de f.
    [f g](1) = f(g(1))

    Or g est un inverse à droite, donc [f g] = Id.
    Puis [f g](1) = 1.

    1. si g(1) = 0,
      on aurait : [f g](1) = f(0) [f g](1) = 0.

      puis 1 = 0 (absurde).

    2. si g(1)0,
      on aurait : [f g](1) = f(g(1)) [f g](1) = g(1) 1.

      Puis g(1) 1 = 1.
      Donc g(1) = 0 (absurde).

    Dans les deux cas, c’est absurde.
    Donc f n’a pas d’inverse à droite.


Proposition 5.1. Soit A un ensemble. Les éléments inversibles pour la composition définie sur l’ensemble (A) sont les fonctions bijectives. Les éléments qui ont un inverse à gauche sont les injections. Si de plus si il existe une fonction h : (A) {} A telle que pour tout X A {}, h(X) X, alors les éléments qui ont un inverse à droite sont les surjections.

Preuve

  1. ( )Soit f : A A qui admet un inverse à gauche. Soit g : A A un inverse à gauche de f. On a g f = IdA. Soit x,y A tels que f(x) = f(y). On a g(f(x)) = x et g(f(y)) = y. D’où x = y (car g f = IdA). Puis f est injective. ( ) Soit f une injection de A dans A. Soit g : A A la fonction qui à y Im(f) associe l’unique x tel que f(x) = y, et à y A Im(f) associe y. On a alors pour tout x A, f(x) Im(a), donc g(f(x)) est égal à x. Puis g f est la fonction identité.
  2. ( )Soit f : A A qui admet un inverse à droite. Soit g : A A un inverse à droite de g. On a f g = IdA. Soit x A. On a f(g(x)) = x, donc x Im(f). Puis f est surjective. ( ) Soit f une surjection de A dans A. Soit g : A A la fonction qui à x A associe h({y A|f(y) = x}) (h est bien défini car f est surjective). On a alors pour tout x A, g(x) = h({y A|f(y) = x}). Puis g(x) {y A|f(y) = x}. D’où, f(g(y)) = y. Puis f g est la fonction identité.

Propriété 5.1. Soit A un ensemble, soit une loi interne sur A, qui admet un élément neutre 𝜀. Alors, l’élément x est un inverse à droite de l’élément y pour si et seulement si l’élément y est un inverse à gauche de l’élément x pour .

Preuve Soit A un ensemble et une loi interne sur A, qui admet un élément neutre 𝜀. Soient x et y deux éléments de A.

  1. ( ) Si l’élément x est un inverse à droite de l’élément y, alors xy = 𝜀, puis l’élément y est un inverse à gauche de l’élément x.
  2. ( ) Si l’élément y est un inverse à gauche de l’élément x, alors yx = 𝜀, puis l’élément x est un inverse à droite de l’élément y.

Propriété 5.2. Soit A un ensemble, soit une loi interne associative sur A, qui admet un élément neutre, et soit x un élément de A. Si l’élément x a un inverse à gauche pour , alors pour tous éléments y, z de l’ensemble A, si x y = x z alors y = z.
On dit alors que l’élément x est simplifiable à gauche.

Preuve Soit A un ensemble, soit une loi interne associative sur A, soit 𝜀 un élément neutre pour , et soit x un élément de A.
On suppose que l’élément x a un inverse à gauche. On note cet inverse xg1.
Soient maintenant y et z deux éléments de A tels que x y = x z.
On a :

y = 𝜀 y (puisque 𝜀 est neutre) y = (xg1 x) y (puisque xg1 est un inverse à gauche de x) y = xg1 (x y) (par associativité) y = xg1 (x z) (puisque x y = x z) y = (xg1 x) z (par associativité) y = 𝜀 z (puisque xg1 est un inverse à gauche de x) y = z (puisque 𝜀 est neutre)

Donc y = z.


Propriété 5.3. Soit A un ensemble, soit une loi interne associative sur A, qui admet un élément neutre 𝜀 et soit x un élément de A. Si x A a un inverse à droite pour , alors pour tous élément y, z de l’ensemble A, si y x = z x alors y = z.
On dit alors que l’élément x est simplifiable à droite.

Preuve Soit A un ensemble, soit une loi interne associative sur A, soit 𝜀 un élément neutre pour , et soit x un élément de A.
On suppose que l’élément x a un inverse à gauche. On note cet inverse xd1.
Soient maintenant y et z deux éléments de A tels que y x = z x.
On a :

y = y 𝜀 (puisque 𝜀 est neutre) y = y (x xd1) (puisque xd1 est un inverse à droite de x) y = (y x) xd1 (par associativité) y = (z x) xd1 (puisque y x = z x) y = z (x xd1) (par associativité) y = z 𝜀 (puisque xd1 est un inverse à droite de x) y = z (puisque 𝜀 est neutre)

Donc y = z.


Proposition 5.2. Soit une loi interne associative sur un ensemble A, qui admet un élément neutre 𝜀. Soit x un élément de A. On suppose l’existence de deux éléments xd,xg A tels que xd soit un inverse à droite de x et que xd soit un inverse à gauche de xg. Alors xd = xq (et donc x est inversible).

Preuve Soit une loi interne associative sur un ensemble A, qui admet un élément neutre 𝜀. Soient x,xd,xg trois éléments de A. On suppose que xd est un inverse à droite de x et xg est un inverse à gauche de x.

On a : xd = xd 𝜀 (puisque 𝜀 est un élément neutre) xd = xd (x xg) (puisque xg est un inverse à gauche de x) xd = (xd x) xg (puisque  est associative) xd = 𝜀 xg (puisque xd est un inverse à droite de x) xd = xg (puisque 𝜀 est un élément neutre)

Proposition 5.3. Soit une loi interne associative sur un ensemble A, qui admet un élément neutre 𝜀. Soit x un élément de A. Si l’élément x est inversible, alors il existe un unique élément y A tel que x y = 𝜀 et y x = 𝜀.

Preuve Soit une loi interne associative sur un ensemble A, qui admet un élément neutre.
Soit x un élément de A.
Soient y et z deux inverses de l’élément x.
Par définition, y et z sont des inverses à gauche de x.
Donc, y x = 𝜀 et z x = 𝜀.
Ainsi y x = z x.
Or y est, par définition, un inverse à droite de x et, de plus, est associative.
Donc, par la propriété 5.3, x est simplifiable à droite.
Puis y = z.


Définition 5.2. Soit une loi interne associative sur un ensemble A, qui admet un élément neutre 𝜀. Si x A est inversible, l’unique élément y A tel que x y = 𝜀 et y x = 𝜀 est appelé inverse de x, et est noté x1.

Propriété 5.4. Soit A un ensemble, soit une loi interne associative sur A, qui admet un élément neutre. Si l’élément x est inversible, alors son inverse est inversible et l’inverse de l’inverse de l’élément x est l’élément x.

Preuve Soit une loi interne associative sur un ensemble A, qui admet un élément neutre 𝜀, et x un élément inversible A. On note 𝜀 l’élément neutre. On sait que x1 est l’inverse de x. En particulier, c’est un inverse à droite de x, puis par la propriété 5.1, x est un inverse à gauche de x1. De plus, x1 est aussi un inverse à gauche de x, puis par la propriété 5.1, x est un inverse à droite de x1. Ainsi, x est l’inverse à droite et à gauche de x1. Donc x1 est inversible, et son inverse est x.


Propriété 5.5. Soit A un ensemble, soit une loi interne associative sur A, qui admet un élément neutre. Soient x et y A deux élément inversibles. Alors x y est inversible, de plus :

(x y)1 = y1 x1.

Preuve Soit A un ensemble, soit une loi interne associative sur A, qui admet un élément neutre 𝜀.
Soient x et y A deux élément inversibles.
On a :

(y1̲ x1̲) (x y)̲ = y1 (x1̲ (x̲ y̲)) (par associativité) (y1 x1) (x y) = y1 ((x1 x) y) (par associativité) (y1 x1) (x y) = y1 (𝜀 y) (car x1 est l’inverse de x) (y1 x1) (x y) = y1 y (car 𝜀 est un élément neutre) (y1 x1) (x y) = 𝜀 (car y1 est l’inverse de y)

Et, quitte à remplacer y par x1 et x par y1 dans le calcul précédent, et en appliquant (x1)1 = x et (y1)1 = y, on a également : (x y) (y1 x1) = 𝜀.
Donc (y1 x1) est bien l’inverse de x y.


Propriété 5.6. Soit A un ensemble, soit une loi interne associative et commutative sur A, qui admet un élément neutre. Soient x et y A deux élément inversibles. Alors x y est inversible, de plus :

(x y)1 = x1 y1.

Preuve Soit A un ensemble, soit une loi interne associative sur A, qui admet un élément neutre 𝜀.
Soient x et y A deux élément inversibles.
D’après la propriété 5.5, x y est un élément inversible de A, et de plus, on a : (x y)1 = (y1) (x1). Puis, comme est commutative, on obtient : (x y)1 = (x1) (y1).


Propriété 5.7. Il existe des lois associatives non commutatives, munies d’un élément neutre, dont tous les éléments ont un inverse, et qui ne vérifient pas la propriété 5.6.

Preuve Par exemple, nous considérons un ensemble A à trois éléments {a,b,c} distincts deux à deux. Nous considérons Bij(A) l’ensemble des bijections de A dans A, muni de la composition des fonctions.

  1. La loi est bien une loi interne, car la composée de deux bijection de A dans A, est bien une bijection de A dans A.
  2. De plus, la composition est bien associative.
  3. Enfin, la fonction identité sur A est une bijection, et c’est l’élément neutre de la loi sur Bij(A).
  4. Enfin chaque bijection admet un inverse, qui est aussi une bijection de A dans A.
  5. Notons :
    f : A Aa b ba c c g : A Aa c bb c a

    On a 

    (f f)(a) = f(f(a)) (f g)(a) = f(g(a)) (g f)(a) = g(f(a)) (g g)(a) = g(g(a)) (f f)(a) = f(b) (f g)(a) = f(c) (g f)(a) = g(b) (g g)(a) = g(c) (f f)(a) = a (f g)(a) = c (g f)(a) = b (g g)(a) = a (f f)(b) = f(f(b)) (f g)(b) = f(g(b)) (g f)(b) = g(f(b)) (g g)(b) = g(g(b)) (f f)(b) = f(a) (f g)(b) = f(b) (g f)(b) = g(a) (g g)(b) = g(b) (f f)(b) = b (f g)(b) = a (g f)(b) = c (g g)(b) = b (f f)(c) = f(f(c)) (f g)(c) = f(g(c)) (g f)(c) = g(f(c)) (g g)(c) = g(g(c)) (f f)(c) = f(c) (f g)(c) = f(a) (g f)(c) = g(c) (g g)(c) = g(a) (f f)(c) = c (f g)(c) = b (g f)(c) = a (g g)(c) = c

    Ainsi, f gg f.
    De plus, f f = IdA, donc f1 = f.
    De même, g g = IdA, donc g1 = g.
    D’après la propriété 5.5, on a : (f g)1 = (g1) (f1).
    Puis, (f g)1 = g f.
    Or g ff g.
    Et f g = (f1) (g1).
    Donc (f g)1(f1) (g1).


Proposition 5.4. Soit une loi interne associative sur un ensemble A, qui admet un élément neutre. Si tous les éléments de A ont un inverse à droite, alors tous les éléments de A sont inversibles.

Preuve Soit une loi interne sur un ensemble A, qui admet un élément neutre.
On suppose que tous les éléments de A ont un inverse à droite pour la loi . Soit x un élément de A.
Soit xd A un inverse à droite de x pour la loi .
Soit xdd un inverse à droite de xd pour la loi .
On a :

xdd = 𝜀 xdd (car 𝜀 est neutre) xdd = (x xd) xdd (car xd est un inverse à droite de x) xdd = x (xd xdd) (par associativité) xdd = x 𝜀 (car xdd est un inverse à droite de xd) xdd = x (car 𝜀 est neutre)

Donc :

xd x = xd xdd xd x = 𝜀 (car xdd est un inverse à droite de xd)

Donc xd est aussi un inverse à gauche de x. Puis c’est l’inverse de x.