Définition 1.1. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Une famille d’éléments de est dite libre si et seulement si pour tout ensemble fini et toute famille de scalaire , on a :
Définition 1.2. Soit un -espace vectoriel et une famille d’éléments de . On dit que est liée si et seulement si elle n’est pas libre.
Remarque 1.1. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble fini. Une famille d’éléments de est libre si et seulement si pour tout toute famille de scalaires , on a :
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble fini. Une famille d’éléments de .
puisque pour tout , . Et, par hypothèse,
Donc :
Or :
Donc :
Puis, par la définition 1.1, est une famille libre.
Propriété 1.1. Si est un -espace vectoriel, alors les familles libres ne contiennent pas l’élément .
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble et une famille d’éléments de indexée par . On suppose qu’il existe un indice tel que . Alors est une combinaison linéaire d’éléments de avec un coefficient non nul (). Or , puis, . Donc la famille est liée dans .
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un singleton et une famille d’un élément de indexée par . On suppose que . Soit , et une famille de scalaires indexée par telle que .
Donc dans tous les cas, pour tout ,
.
Puis, la famille
est libre.
Preuve Soient
et tels
que .
On a sur la première coordonnée : ;
et sur la seconde coordonnée : .
Ainsi :
Puis par substitution :
Puis :
Ainsi la famille est libre dans .
Preuve On a :
Donc la famille est liée.
Exemple 1.4. Soit un entier naturel. Soit . l’espace vectoriel des -uplets de scalaires, muni de l’addition et la multiplication coordonnée par coordonnée. La famille de vecteurs telle que a toutes ses coordonnées égales à , sauf la -ième coordonnée qui vaut est libre.
Preuve Soit une famille de scalaires telle que . Soit tel que , on a sur la -ième coordonnée, . Or pour tout tel que . Puis et . Donc la famille est libre.
Propriété 1.2. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille libre d’éléments de indexée par . Soit un sous ensemble de . Alors, la famille est libre.
Preuve Soit un
-espace vectoriel.
Soit un ensemble et
une famille libre
d’éléments de
indexée par .
Soit un sous
ensemble de .
Montrons que
est une famille libre.
Soit un sous
ensemble fini de
et une famille de
scalaires indexée par .
Comme ,
est un sous ensemble
fini de . Donc, par la
définition 1.1, . Puis, par la
définition 1.1, la famille
est libre.
Propriété 1.3. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit une bijection de dans . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est libre si et seulement si la famille est libre.
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit une bijection de dans . Soit la famille d’éléments de définie par :
Propriété 1.4. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit tel que et un élément de . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est libre si et seulement si la famille est libre.
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit tel que et un élément de . Soit la famille d’éléments de définie par :
donc dans les deux cas, .
Puis par la définition 1.1, la famille
est libre.
Propriété 1.5. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soient et deux éléments de . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est libre si et seulement si la famille est libre.
Preuve Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soient et deux éléments de . Soit la famille d’éléments de définie par :
Propriété 1.6. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit . Soient et deux éléments de tels que . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est libre si et seulement si la famille est libre.
Preuve On définit la famille la famille d’éléments de défine par :
Puis, la famille la famille d’éléments de définie par :
Et, la famille la famille d’éléments de définie par :
puis la famille
est libre dans ,
si et seulement si, par la propriété 1.4, la famille
est libre dans ,
si et seulement si, par la propriété 1.5, la famille
est libre dans ,
si et seulement si, par la propriété 1.4, la famille
est libre dans .
Or, pour on a :
Ainsi est libre dans si et seulement si est libre dans .
Propriété 1.7. Soient et deux entiers positifs dans . Soit une famille de vecteurs du -espace vectoriel . Si pour tout entre et , il existe une coordonnée telle que pour tout indice entre et , la -ième coordonnée de soit égale à si et seulement si , alors la famille est libre.
Preuve Soient
une famille de
scalaires tels que .
Soit
entre et
.
Soit
entre et
tel que pour
tout
entre et
on ait : la
-ième cordonnée
de soit égale à zéro
si et seulement si .
On a : .
Donc, selon la -ième
coordonnée, on obtient : .
Puis, comme ,
.
Donc la famille
est libre.
Algorithme 1.1. Soient
et deux entiers
positifs dans .
Soit une
famille de
vecteurs de .
On note la
-ième coordonnée du
-ième vecteur de la famille
. L’algorithme suivant
permet de décider si
est libre, ou liée.
Prendre .
Preuve À l’étape 1, on peut montrer par récurrence que pour tout les vecteurs pour , il existe une coordonnée tel que pour entre et et . De plus, les transformations effectuées sur la famille de vecteur ne modifient pas le fait d’être lié ou libre (d’après la propriété 1.4 pour l’étape , la propriété 1.6 pour l’étape ). Ainsi, si à l’étape 1, , alors la famille satisfait la propriété 1.7, elle est donc libre. Par contre, si un vecteur est nul, d’après la propriété 1.1 la famille est liée. Dans les autres cas, on peut continuer à itérer l’algorithme.
Exemple 1.5. On peut utiliser l’algorithme 1.1 pour montrer que la famille
est libre.
Preuve La famille
est libre,
si et seulement si la famille est libre
(en utilisant la transformation ),
si et seulement si la famille est libre
(en utilisant la transformation ),
si et seulement si la famille est libre
(en utilisant la transformation ).
Or cette dernière famille est libre, par la propriété 1.7, donc la famille
est
libre.
Exemple 1.6. On peut utiliser l’algorithme 1.1 pour montrer que la famille
est libre.
Preuve La famille
est libre,
si et seulement si la famille est libre
(en utilisant la transformation ),
si et seulement si la famille est libre
(en utilisant la transformation ),
si et seulement si la famille est libre
(en utilisant la transformation ).
Or cette dernière famille est libre, par la propriété 1.7, donc la famille
est
libre.
Exemple 1.7. On peut utiliser l’algorithme 1.1 pour montrer que la famille est liée.
Preuve La famille
est libre,
si et seulement si la famille est libre
(en utilisant la transformation ).
Or cette dernière famille est liée, par la propriété 1.1, donc la famille
est
liée.
Définition 2.1. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Une famille d’éléments de est dite génératrice de si et seulement si pour tout élément , il existe un sous-ensemble fini et une famille de scalaire , tels que :
Propriété 2.1. Soit un -espace vectoriel, soit un ensemble, et soit une famille d’éléments de indexée par . La famille est une famille génératrice de si et seulement si .
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble et soit une famille d’éléments de indexée par .
Exemple 2.1. Pour tout élément non nul, , la famille est une famille génératrice de -espace vectoriel .
Preuve Soit
tel que .
Soit . On a,
comme ,
.
Donc est une famille
génératrice de .
Exemple 2.2. Si est un -espace vectoriel, alors la famille de tous les vecteurs de est une famille génératrice.
Preuve Soit
un -espace
vectoriel.
Pour ,
on a .
Donc est une famille
génératrice de .
Preuve Soit .
On a : .
Puis, .
Donc, la famille est une
famille génératrice de .
Preuve Montrons que .
Par l’absurde, soit
tel que .
Pour la troisième coordonnée, on aurait :.
Puis , ce
qui est absurde.
Donc la famille n’est pas une
famille génératrice de .
Exemple 2.5. La famille des suites n’est pas une famille génératrice de l’espace des suites à valeur dans .
Preuve Montrons que la suite .
Par l’absurde, soit un
sous ensemble fini de
et une famille finie de
scalaire indexée par ,
tel que : .
serait une
partie finie de .
Donc il existerait un entier
tel que pour tout ,
.
Au rang , on
aurait .
Or pour ,
donc
, puis
.
D’où,
(ce qui est absurde).
Donc la famille n’est pas une famille
génératrice des suites à valeur dans .
Propriété 2.2. Soit un entier naturel. Soit un ensemble et une famille d’éléments de telle qu’il existe un indice tel que pour tout indice , la coordonnée de soit égale à 0. Alors la famille n’est pas génératrice.
Preuve Soit un
entier naturel. Soit un
ensemble et une famille
d’éléments de telle
qu’il existe un indice tel
que pour tout indice ,
la coordonnée
de soit
égale à 0.
Soit , le vecteur dont toutes les
coordonnées sont égales à ,
sauf la -ième
coordonnée qui vaut .
Soit un sous-ensemble
fini de et
une famille de scalaires
indexée par . On suppose
par l’absurde que . Sur
la -ième coordonnée,
on aurait : ,
ce qui est absurde.
Donc la famille
n’est pas une famille génératrice.
Propriété 2.3. Soit deux entiers naturels. Soit une famille de éléments de . On suppose qu’il existe un indice tel que , et tel que pour tout entre et , la -ième coordonnée du vecteur vaut si et sinon, et tel que pour tout la -ième coordonnée du vecteur vaut . Alors la famille n’est pas génératrice.
Preuve Soit deux entiers naturels. Soit une famille de éléments de . Soit un indice tel que , et tel que pour tout entre et , la -ième coordonnée du vecteur vaut si et sinon, et tel que pour tout la -ième coordonnée du vecteur vaut . On note la valeur de la -ième coordonnée du vecteur Posons le vecteur défini par :
On suppose par l’absurde qu’il existe
une famille de
scalaires tels que .
Pour , on aurait,
sur la -ième
coordonnée, ,
puis . Mais, sur la
-ième coordonnée,
on aurait ,
puis , et
(ce qui
est absurde).
Donc la famille
n’est pas génératrice.
Exemple 2.7. Soit un entier naturel. Soit . l’espace vectoriel des n-uplets de scalaires, muni de l’addition et la multiplication coordonnée par coordonnée. La famille de vecteurs telle que a toutes ses coordonnées égales à , sauf la -ième coordonnée qui vaut est génératrice.
Preuve Soit .
Posons .
Soit un entier
tel que ,
la -ième
coordonnée de
vaut .
la -ième
coordonnée de
vaut , puis la
-ième
coordonnée de
vaut .
Ainsi . Donc
est une famille
génératrice de .
Propriété 2.4. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit un sous ensemble de . Alors, si la famille est génératrice de , alors la famille est génératrice de .
Preuve Soit un
-espace vectoriel.
Soit un ensemble.
Si une famille
d’éléments de
indexée par . Soit
un sous ensemble
de . Alors, si
la famille est
génératrice de .
Soit , Soit un ensemble fini d’indices, et , une famille de scalaires indexée par telle que : . On a : , donc est un sous ensemble fini de et . Ainsi est une famille génératrice de .
Propriété 2.5. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit une bijection de dans . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est génératrice si et seulement si la famille est génératrice.
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit une bijection de dans . Soit la famille d’éléments de définie par :
Propriété 2.6. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit tel que et un élément de . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est génératrice si et seulement si la famille est génératrice.
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit tel que et un élément de . Soit la famille d’éléments de définie par :
Soit ,
Comme
est une famille génératrice, il existe un sous-ensemble
fini de
et une famille de scalaires
indexée par
de sorte que : .
Or, pour ,
on a : .
D’où .
Puis
est une famille génératrice.
On a pour , comme :
Or , par le point précédent, la famille est une famille génératrice de .
Propriété 2.7. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soient et deux éléments de . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est génératrice si et seulement si la famille est génératrice.
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soient et deux éléments de . Soit la famille d’éléments de définie par :
Propriété 2.8. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit . Soient et deux éléments de tels que . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est génératrice si et seulement si la famille est génératrice.
Preuve On définit la famille la famille d’éléments de défine par :
Puis, la famille la famille d’éléments de définie par :
Et, la famille la famille d’éléments de définie par :
puis la famille est
génératrice de ,
si et seulement si, par la propriété 2.6, la famille
est génératrice de ,
si et seulement si, par la propriété 2.7, la famille
est génératrice de ,
si et seulement si, par la propriété 2.6, la famille
est génératrice de .
Or, pour on a :
Ainsi est génératrice de si et seulement si est génératrice de .
Algorithme 2.1. Soient
et deux entiers
positifs dans .
Soit une
famille de
vecteurs de .
On note la
-ième coordonnée du
-ième vecteur de la famille
. L’algorithme suivant
permet de décider si
est génératrice, ou non.
Prendre .
Preuve À l’étape 1, on peut montrer par récurrence que pour tout et tout tels que , , si , et si . De plus, les transformations effectuées sur la famille de vecteur ne modifient pas le fait d’être une famille génératrice, ou non (d’après la propriété 2.6 pour l’étape , d’après la propriété 2.7 pour l’étape , d’après la propriété 2.5 pour l’étape ). Ainsi, si à l’étape 1, , la famille est celle de l’exemple 2.7, elle est donc génératrice. Par contre, si le test de l’étape (2) échoue, la famille ne peut pas être génératrice soit par la propriété 2.2, soit par la propriété 2.3.
Exemple 2.8. On peut utiliser l’algorithme 2.1 pour montrer que la famille est une famille génératrice.
Preuve La famille
est une famille génératrice
si et seulement si la famille
est une famille génératrice (en utilisant les transformations
et
)
si et seulement si la famille
est une famille génératrice (en utilisant la transformation
)
si et seulement si la famille
est une famille génératrice (en utilisant la transformation
)
Or cette dernière famille est génératrice car elle satisfait la propriété 2.2.
Donc la famille
est une famille génératrice.
Exemple 2.9. On peut utiliser l’algorithme 2.1 pour montrer que la famille n’est pas génératrice.
Preuve La famille
est une famille génératrice
si et seulement si la famille
est une famille génératrice (en utilisant les transformations
et
)
si et seulement si la famille
est une famille génératrice (en utilisant la transformation
)
si et seulement si la famille
est une famille génératrice (en utilisant la transformation
)
Or cette dernière famille n’est pas génératrice car pour tout
, on a
. Puis
.
Donc la famille
n’est pas une famille génératrice.
Définition 3.1. Soit un -espace vectoriel. On appelle base de toute famille d’éléments de qui est à la fois libre et génératrice de .
Théorème 3.1. Soit
un -espace vectoriel.
Soit un ensemble
et une famille
d’éléments de
indexée par I, tel que
soit une base de .
Alors pour tout vecteur , il
existe un unique sous-ensemble
et une unique famille
de scalaires non nuls tel que :
Ainsi tout vecteur admet une décomposition unique dans une base.
Preuve Soit un
-espace vectoriel.
Soit un ensemble
et une famille
d’éléments de
indexée par I, tel que
soit une base de .
Soit .
Preuve Soit . Nous savons que est une famille libre du -espace vectoriel . D’après l’exemple 2.1, est une famille génératrice du -espace vectoriel . Ainsi, est une base du -espace vectoriel .
Exemple 3.2. Soit un entier naturel. Soit la famille de vecteurs de telle que la -ième coordonnée du -ième vecteur soit égale à si et à sinon. Alors est une base de (on dit que c’est la base canonique de ).
Preuve Soit un entier naturel. Soit la famille de vecteurs de telle que la -ième coordonnée du -ième vecteur soit égale à si et à sinon. Nous savons que la famille est libre dans . De plus, d’après l’exemple 2.7, la famille est génératrice de . Par la défintion 3.1, c’est donc une base de .
Exemple 3.3. Soit un entier et un -espace vectoriel. Soit un ensemble et une base de . La famille définie par est un vecteur de composantes dont la -ième composante est égale si ou sinon, est une base de .
Preuve Soit un entier et un -espace vectoriel. Soit un ensemble et une base de . La famille définie par est un vecteur de composantes dont la -ième composante est égale si ou sinon.
Puis est une base de .
Exemple 3.4. Soit un ensemble fini et un -espace vectoriel. Soit un ensemble et une base de . La famille définie par si , et sinon, est une base de .
Preuve Soit un ensemble fini et un -espace vectoriel. Soit un ensemble et une base de . La famille définie par si , et sinon, est une base de .
Or la famille
est une famille libre (car c’est une base).
Donc pour
tel que ,
on a : .
Puis pour tout ,
.
Puis la famille est
une famille libre de .
Puis est une base de
Exemple 3.5. La famille des suites est une base du -espace vectoriel des suites qui stationnent en .
Preuve
Ainsi, est une base du -espace vectoriel des suites à valeur dans , qui stationnent en , pour la somme et le produit externe point à point.
Propriété 3.1. Soit un -espace vectoriel. Une famille d’éléments de est une base de si et seulement si c’est une famille libre maximale.
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble et une famille d’éléments de indexée par .
Donc la famille est libre, ce qui est absurde car la famille est maximale pour cette propriété.
Propriété 3.2. Soit un -espace vectoriel. Une famille d’éléments de est une base de si et seulement si c’est une famille génératrice minimale.
Preuve Soit un
-espace vectoriel.
Soit un ensemble
et une famille
de vecteurs de
indexée par .
Propriété 3.3. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit une bijection de dans . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est une base de si et seulement si la famille est une base de .
Preuve On procède par équivalence :
la famille est
une base de
la famille
est libre
dans et
génératrice de
(d’après la définition 3.1)
la famille
est libre
dans et
génératrice de
(d’après la propriété 2.5)
la famille
est une
base de
(d’après la définition 3.1).
Propriété 3.4. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit tel que et un élément de . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est une base de si et seulement si la famille est une base de .
Preuve On procède par équivalence :
la famille est
une base de
la famille
est libre
dans et
génératrice de
(d’après la définition 3.1)
la famille
est libre
dans et
génératrice de
(d’après la propriété 2.6)
la famille
est une
base de
(d’après la définition 3.1).
Propriété 3.5. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soient et deux éléments de . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est base de si et seulement si la famille est une base de .
Preuve On procède par équivalence : la famille
est une
base de
la famille
est libre
dans et
génératrice de
(d’après la définition 3.1)
la famille
est libre
dans et
génératrice de
(d’après la propriété 2.7)
la famille
est une
base de
(d’après la définition 3.1).
Propriété 3.6. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble. Si une famille d’éléments de indexée par . Soit . Soient et deux éléments de tels que . Soit la famille d’éléments de définie par :
Alors, la famille est une base si et seulement si la famille est une base.
Preuve On procède par équivalence : la famille
est une
base de
la famille
est libre
dans et
génératrice de
(d’après la définition 3.1)
la famille
est libre
dans et
génératrice de
(d’après la propriété 2.8)
la famille
est une
base de
(d’après la définition 3.1).
Théorème 3.2. Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble fini. Soit un sous-ensemble de . Soit une famille d’élément de , tel que la famille soit une famille libre et la famille soit une famille génératrice de . Alors il existe un ensemble tel que et la famille est une base de .
Preuve Soit un
-espace vectoriel.
Soit un ensemble
fini. Soit un
sous-ensemble de . Soit
une famille d’élément
de , tel que la famille
soit une famille libre
et la famille soit une
famille génératrice de .
On suppose que la famille n’est pas une base de . On considère l’ensemble de tous les ensembles tels que , et soit une famille génératrice. Cet ensemble possède un élément minimal pour l’inclusion.
Ainsi, la famille
est libre dans .
Par l’absurde, supposons que ce ne soit pas le cas.
Il existerait donc une famille de scalaires
non tous nuls telle que .
Puis il existerait nécessairement un indice
tel que
(puisque
est libre).
Prenons
tel que .
On aurait donc .
Soit .
Comme
est une famille génératrice, il existerait une famille de scalaires
telle que
.
Puis .
Donc la famille est une
famille génératrice de . Ce qui
est absurde (par minimalité de ).
Remarque 3.1. Le théorème 3.2 est aussi valable si la famille génératrice est infini, si l’on suppose l’axiome du choix (Pour tout ensemble , il existe une fonction , telle que pour toute partie , on ait : ).
Corollaire 3.1. Soit un -espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. Alors, toute famille libre finie de s’étend en une base.
Preuve Soit un -espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. Alors, soit un ensemble fini et une famille libre. Soit un ensemble fini tel que et une famille génératrice de . On a est une famille génératrice de et . De plus, l’ensemble est fini. Donc il existe un ensemble tel que et soit une base de .
Preuve Soit un -espace vectoriel. Soit un ensemble fini et une famille génératrice de . On note . On a est une famille libre et . Donc il existe un ensemble tel que et soit une base de .
Corollaire 3.3. Soit un -espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. Alors, toute famille libre finie de s’étend en une base.
Preuve Soit deux ensembles finis tels que . Soit une famille libre de et une famille génératrice de . Par la propriété 2.4, la famille est une famille génératrice de . De plus, est un ensemble fini. Donc d’après le théorème 3.2, il existe tel que et tel que soit une base de . Puis s’étend en une base du -espace vectoriel .
Propriété 3.7. Soit un -espace vectoriel qui possède une famille génératrice de vecteurs, alors toute famille qui possède au moins éléments de est liée.
Preuve On procède par l’absurde. On prends le plus petit entier tel qu’il existe un -espace vectoriel, avec une famille génératrice de éléments et une famille libre d’au moins éléments. Soit un tel -espace vectoriel. Soient un ensemble, une famille libre d’éléments de et une famille génératrice de .
Puis, la famille libre est dans
l’espace engendré par .
Ce qui est absurde car on a formé un
-espace vectoriel avec une famille
génératrice de vecteurs et
une famille libre d’au moins
vecteurs.
Théorème 3.3. Soit un -espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. Alors toutes les bases de ont le même cardinal.
Preuve Soit un -espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. Soient et deux bases .
Comme est une base, par la définition 3.1, elle est donc libre. Comme admet une famille génératrice finie, on en déduit par la propriété 3.7 que la famille est finie. Avec le même raisonnement, nous déduisons que la famille est finie.
De plus, par la définition 3.1, est une famille libre dans et est une famille génératrice de . Ainsi, comme admet une famille génératrice finie, par la propriété 3.7, . Puis en remplaçant par et reciproquement, on obtient : .
Définition 3.2. Soit un -espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. On dit que est de dimension finie et on appelle dimension de le cardinal des bases de .
Propriété 3.8. Soit un -espace vectoriel de dimension fini égale à . Alors toute famille libre de élément est une base.
Preuve Soit un
-espace vectoriel de
dimension fini égale à .
Soit un ensemble
de éléments
et une famille
libre de .
Donc , s’étend
en une base de .
Or d’après le théorème 3.3, le cardinal de cette base est égale à
, il s’agit
donc de .
Ainsi
est une base.
Propriété 3.9. Soit un -espace vectoriel de dimension fini égale à . Alors toute famille génératrice de élément est une base.
Preuve Soit un
entier naturel et soit
un -espace vectoriel de
dimension fini égale à .
Soit un ensemble
de éléments
et une famille
génératrice de .
Par le corollaire 3.2,
contient une base de .
Or d’après le théorème 3.3, le cardinale de cette base est égale à
. Il s’agit donc
de la famille .
Ainsi
est une base.
Propriété 3.10. Soit un -espace vectoriel. Soit un sous-espace vectoriels de . Si et sont de dimensions finies et égales. Alors .
Preuve Soit un
-espace vectoriel.
Soit un sous-espace
vectoriel de . On
suppose que
et sont
de dimensions finies et égales.
Soit une
base de .
Puis, la famille est
une famille libre dans .
Puis, la famille est
une famille libre de .
C’est donc une famille libre avec
éléments, donc, par la propriété 3.8, c’est une base de
.
Ainsi est une famille
génératrice de
et de .
Puis et
.
Puis .
Algorithme 3.1. Soient
un entier positif dans .
Soit une
famille de
vecteurs de .
On note la
-ième coordonnée du
-ième vecteur de la famille
. L’algorithme suivant
permet de décider si
est libre, ou liée.
Prendre .
Preuve Toutes les transformations préservent le fait d’être une base. On peut montrer, par récurrence, qu’à l’étape 1 pour tout tels que , , . Donc si , on reconnaît l’exemple 3.2. Si le test de la seconde étape échoue, la famille n’est pas génératrice, donc elle n’est pas une base. Enfin, toutes les étapes de transformation préservent le fait d’être une base.
Exemple 3.8. On utiliser l’algorithme 2.1 pour montrer que la famille est une base.
Preuve La famille
est une base
si et seulement si la famille est une
base (en utilisant les transformations
et )
si et seulement si la famille est une
base (en utilisant la transformation )
si et seulement si la famille est une
base (en utilisant la transformation )
Or cette dernière famille est une base (c’est l’exemple 3.2).
Donc la famille
est une base.
Exemple 3.9. On peut utiliser l’algorithme 2.1 pour montrer que la famille n’est pas une base.
Preuve La famille
est une base
si et seulement si la famille est une
base (en utilisant les transformations
et )
si et seulement si la famille est une
base (en utilisant la transformation )
si et seulement si la famille est une
base (en utilisant la transformation )
Or cette dernière famille n’est pas une base car elle n’est pas libre.
Donc la famille
n’est pas une famille génératrice, puis ce n’est pas une base.