Familles de vecteurs

Jérôme Feret
DIENS (INRIA,ÉNS,CNRS)

9 Février – 4 Mars 2017

1 Familles libres

Définition 1.1. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Une famille (ui)iI d’éléments de E est dite libre si et seulement si pour tout ensemble fini J I et toute famille de scalaire (λj)jJ, on a :

jJλj uj = 0E j J,λj = 0.

Définition 1.2. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel et f une famille d’éléments de E. On dit que f est liée si et seulement si elle n’est pas libre.

Remarque 1.1. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble fini. Une famille (ui)iI EI d’éléments de E est libre si et seulement si pour tout toute famille de scalaires (λi)iI, on a :

iIλi uI = 0E i I,λj = 0.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble fini. Une famille (ui)iI EI d’éléments de E.


Propriété 1.1. Si (E,+,) est un 𝕂-espace vectoriel, alors les familles libres ne contiennent pas l’élément 0E.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. On suppose qu’il existe un indice i0 I tel que ui0 = 0E. Alors 1 ui0 est une combinaison linéaire d’éléments de (ui)iI avec un coefficient non nul (1). Or 1 ui0 = 1 0E, puis, 1 ui0 = 0E. Donc la famille (ui)iI est liée dans E.


Exemple 1.1. Si (E,+,) est un 𝕂-espace vectoriel, alors toute famille formée d’un élément de E {0E} est libre.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un singleton {i0} et (ui)iI EI une famille d’un élément de E indexée par I. On suppose que ui00E. Soit J I, et (λj)jJ EJ une famille de scalaires indexée par J telle que jJλj uj = 0E.

  1. Si J = , alors pour tout j J, λj = 0.
  2. Sinon, J = {i0}, puis, λi0 ui0 = 0E. Donc, λi0 = 0 ou ui0 = 0E, puis, comme ui00E, λi0 = 0.

Donc dans tous les cas, pour tout j J, λj = 0.
Puis, la famille (ui)iI est libre.


Exemple 1.2. La famille ((1,1,0),(1,1,0)) est libre dans (3,+.,.).

Preuve Soient λ et μ tels que λ.(1,1,0)+.μ.(1,1,0) = (0,0,0).
On a sur la première coordonnée λ μ = 0 ;
et sur la seconde coordonnée λ + μ = 0.
Ainsi :

λ μ = 0λ + μ = 0.

Puis par substitution :

λ = μ 2 μ = 0.

Puis :

λ = 0μ = 0.

Ainsi la famille ((1,1,0),(1,1,0)) est libre dans (3,+.,.).


Exemple 1.3. La famille ((1,1,0),(1,1,0),(2,3,0)) est liée dans (3,+.,.).

Preuve On a : (5).(1,1,0) + (1).(1,1,0) + 2.(2,3,0) = ((5) + (1) (1) + 2 2,(5) + (1) + 2 3,0) (5).(1,1,0) + (1).(1,1,0) + 2.(2,3,0) = (5 + 1 + 4,5 1 + 6,0) (5).(1,1,0) + (1).(1,1,0) + 2.(2,3,0) = (0,0,0)

Donc la famille ((1,1,0),(1,1,0),(2,3,0)) est liée.


Exemple 1.4. Soit n un entier naturel. Soit (𝕂n,+.,). l’espace vectoriel des n-uplets de scalaires, muni de l’addition et la multiplication coordonnée par coordonnée. La famille (δk)1kn de vecteurs telle que δk a toutes ses coordonnées égales à 0, sauf la k-ième coordonnée qui vaut 1 est libre.

Preuve Soit (λk)1kn 𝕂n une famille de scalaires telle que k=1nλk.δk = (0)1kn. Soit j tel que 1 j n, on a sur la j-ième coordonnée, k=1nλk δjk = 0. Or δjk = 0 pour tout k tel que jk. Puis λk 1 = 0 et λk = 0. Donc la famille (δk)1kn est libre.


Propriété 1.2. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille libre d’éléments de E indexée par I. Soit J un sous ensemble de I. Alors, la famille (uj)jJ est libre.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et (ui)iI EI une famille libre d’éléments de E indexée par I. Soit J un sous ensemble de I.
Montrons que (uj)jJ est une famille libre.
Soit K un sous ensemble fini de J et (λk)kK 𝕂K une famille de scalaires indexée par K. Comme J I, K est un sous ensemble fini de I. Donc, par la définition 1.1, kKλk uk = 0E k K,λk = 0. Puis, par la définition 1.1, la famille (uj)jJ est libre.


Propriété 1.3. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit σ une bijection de I dans I. Soit (vi)iI EI la famille d’éléments de E définie par :

vi=Δuσ(i).

Alors, la famille (ui)iI est libre si et seulement si la famille (vi)iI est libre.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit σ une bijection de I dans I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi=Δuσ(i).

Propriété 1.4. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit λ 𝕂 tel que λ0 et i0 I un élément de I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0=Δλ ui0 vi=Δui pour i I {i0}.

Alors, la famille (ui)iI est libre si et seulement si la famille (vi)iI est libre.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit λ 𝕂 tel que λ0 et i0 I un élément de I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0=Δλ ui0 vi=Δui pour i I {i0}.

Propriété 1.5. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soient i0 I et j0 I deux éléments de I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0=Δui0 + uj0 vi=Δui pour i I {i0}

Alors, la famille (ui)iI est libre si et seulement si la famille (vi)iI est libre.

Preuve Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soient i0 I et j0 I deux éléments de I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi=Δui + δi0i uj0 pour i I.

  1. si i0 = j0, (ui)iI est libre si et seulement si (vi)iI est libre d’après la propriété 1.4 (avec λ = 2).
  2. on suppose que i0j0 :
    1. ( ) On suppose que la famille (ui)iI est une famille libre.
      Soit J I un sous-ensemble fini de I.
      Soit (λi)iJ 𝕂J une famille de scalaires indexée par J, telle que iJλi vi = 0E.
      On a donc iJλi (ui + δi0i uj0) = 0E.
      Puis, λi0 uj0 + iJλi ui = 0E.
      Puis, iJ(λi + δj0i λi0) ui = 0E.
      Comme (ui)iI est libre dans (E,+,), pour tout i J, λi + δj0i λi0 = 0.
      Donc pour i J {j0}, λi = 0.
      De plus, on a : λj0 + λi0 = 0.
      Comme j0i0, on a λi0 = 0, donc λj0 = 0. Puis, (vi)iI est une famille libre de (E,+,).
    2. ( ) On suppose que la famille (vi)iI est une famille libre.
      Soit J I un sous-ensemble fini de I.
      Soit (λi)iJ 𝕂J une famille de scalaires indexée par J, telle que iJλi ui = 0E.
      On a donc iJλi (vi δi0i uj0) = 0E.
      Or vj0 = uj0 car i0j0.
      Donc iJλi (vi δi0i vj0) = 0E. Puis, iJ(λi δj0i λi0) vi = 0E.
      Comme (vi)iI est libre dans (E,+,), pour tout i J, λi δj0i λi0 = 0.
      Donc pour i J {j0}, λi = 0.
      De plus, On a : λj0 λi0 = 0, donc λj0 = 0. Puis (ui)iI est une famille libre de (E,+,).

Propriété 1.6. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit λ 𝕂. Soient i0 I et j0 I deux éléments de I tels que i0j0. Soit (vi)iI EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0=Δui0 + λ uj0 vi=Δui pour i I {i0}

Alors, la famille (ui)iI est libre si et seulement si la famille (vi)iI est libre.

Preuve On définit la famille (wi)iI EI la famille d’éléments de E défine par :

wj0=Δλ uj0 wi=Δui pour i I {j0}

Puis, la famille (wi)iI EI la famille d’éléments de E définie par :

wi0=Δw i0 + wj0 wi=Δwi pour i I {i0}

Et, la famille (wi)iI EI la famille d’éléments de E définie par :

wj0=Δ1 λ wj0 wi=Δwi pour i I {j0}

puis la famille (ui)iI est libre dans (E,+,),
si et seulement si, par la propriété 1.4, la famille (wi)iI est libre dans (E,+,),
si et seulement si, par la propriété 1.5, la famille (wi)iI est libre dans (E,+,),
si et seulement si, par la propriété 1.4, la famille (wi)iI est libre dans (E,+,).

Or, pour i I on a :

  1. wi0 = w i0 (car i 0j0) w i0 = w i0 + wj0 wi0 = u i0 + λ uj0 (car i0j0) w i0 = v i0
  2. wj0 = 1 λ wj0 wj0 = 1 λ wj0 (car j0i0) wj0 = 1 λ (λ uj0) wj0 = u j0 wj0 = v j0 (car j0i0)
  3. et pour i I {i0,j0} :
    wi = wi (car ij0) wi = wi (car ii0) wi = ui (car ij0) wi = vi (car ii0)

    Ainsi (ui)iI est libre dans (E,+,) si et seulement si (vi)iI est libre dans (E,+,).


Propriété 1.7. Soient m et n deux entiers positifs dans . Soit (ui)1im 𝕂n m une famille de m vecteurs du 𝕂-espace vectoriel (𝕂n,+.,.). Si pour tout i entre 1 et m, il existe une coordonnée ji telle que pour tout indice i entre 1 et m, la ji-ième coordonnée de ui soit égale à 0 si et seulement si ii, alors la famille (ui)1im est libre.

Preuve Soient (λi)1im 𝕂m une famille de m scalaires tels que i=1mλi.ui = (0)1jn.
Soit i entre 1 et m.
  Soit ji entre 1 et n tel que pour tout i entre 1 et m on ait : la ji-ième cordonnée de ui soit égale à zéro si et seulement si ii.
  On a  i=1mλi.ui = (0)1jn.
  Donc, selon la ji-ième coordonnée, on obtient : λi ui = 0.
  Puis, comme ui0, λi = 0.
Donc la famille (ui)1in est libre.


Algorithme 1.1. Soient m et n deux entiers positifs dans . Soit (ui)1in (𝕂n)m une famille de m vecteurs de 𝕂n. On note ui,j la j-ième coordonnée du i-ième vecteur de la famille (ui)1im. L’algorithme suivant permet de décider si (ui)1im est libre, ou liée.
Prendre p 0.

  1. si p = m alors la famille est libre.
  2. si p < m et s’il pour tout q entre 1 et n, up+1,q = 0, alors la famille est liée.
  3. sinon, prendre q le plus petit entier tel que up+1,q0.
  4. Multiplier le vecteur up+1 par l’inverse de up+1,q.
  5. Soustraire à chaque vecteur up pour pp le vecteur up+1 multiplié par up,q.
  6. Prendre p p + 1.
  7. Retourner à l’étape 1.

Preuve À l’étape 1, on peut montrer par récurrence que pour tout les vecteurs uk pour 1 k p, il existe une coordonnée jk tel que uk,jk = 0 pour k entre 1 et m et kk. De plus, les transformations effectuées sur la famille de vecteur ne modifient pas le fait d’être lié ou libre (d’après la propriété 1.4 pour l’étape 4, la propriété 1.6 pour l’étape 5). Ainsi, si à l’étape 1, p = m, alors la famille satisfait la propriété 1.7, elle est donc libre. Par contre, si un vecteur est nul, d’après la propriété 1.1 la famille est liée. Dans les autres cas, on peut continuer à itérer l’algorithme.


Exemple 1.5. On peut utiliser l’algorithme 1.1 pour montrer que la famille ((1,1,0),(1,1,0)) est libre.

Preuve La famille (1,1,0) (1, 1, 0) est libre,
si et seulement si la famille (1,1,0) (0, 2, 0) est libre (en utilisant la transformation L2 L2 + L1),
si et seulement si la famille (1,1,0) (0, 1, 0) est libre (en utilisant la transformation L2 L22),
si et seulement si la famille (1,0,0) (0, 1, 0) est libre (en utilisant la transformation L1 L1 L2).
Or cette dernière famille est libre, par la propriété 1.7, donc la famille ((1,1,0),(1,1,0)) est libre.


Exemple 1.6. On peut utiliser l’algorithme 1.1 pour montrer que la famille ((1,0,1),(1,0,1)) est libre.

Preuve La famille (1,0,1) (1, 0, 1) est libre,
si et seulement si la famille (1,0,1) (0, 0, 2) est libre (en utilisant la transformation L2 L2 + L1),
si et seulement si la famille (1,0,1) (0, 0, 1) est libre (en utilisant la transformation L2 L22),
si et seulement si la famille (1,0,0) (0, 0, 1) est libre (en utilisant la transformation L1 L1 L2).
Or cette dernière famille est libre, par la propriété 1.7, donc la famille ((1,0,1),(1,0,1)) est libre.


Exemple 1.7. On peut utiliser l’algorithme 1.1 pour montrer que la famille ((1,1,0),(1,1,0)) est liée.

Preuve La famille (1,1,0) (1, 1, 0) est libre,
si et seulement si la famille (1,1,0) (0, 0, 0) est libre (en utilisant la transformation L2 L2 + L1).
Or cette dernière famille est liée, par la propriété 1.1, donc la famille ((1,1,0),(1,1,0)) est liée.


2 Familles génératrices

Définition 2.1. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Une famille (ui)iI d’éléments de E est dite génératrice de (E,+,) si et seulement si pour tout élément u E, il existe un sous-ensemble fini J I et une famille de scalaire (λj)jJ, tels que :

jJλj uj = u.

Propriété 2.1. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel, soit I un ensemble, et soit (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. La famille (ui)iI est une famille génératrice de (E,+,) si et seulement si Vect({ui|i I}) = E.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et soit (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I.

  1. ( ) On suppose que (ui)iI est une famille génératrice de (E,+,).
    On sait que Vect({ui|i I}) E.
    Montrons que E Vect({ui|i I}).
    Soit u E.
      (ui)iI est une famille génératrice de E.
      Donc, il existe J I un sous ensemble fini de I et une famille (λj)jJ de scalaires indexée par J, tel que u = jJλj uj.
      Puis u Vect({ui|i I}).
    D’où E Vect({ui|i I}).
    Puis E = Vect({ui|i I}).
  2. ( ) On suppose que Vect({ui|i I}) = E.
    Montrons que (ui)iI est une famille génératrice de E.
    Soit u E.
      On a u Vect({ui|i I}).
      Puis, il existe J I un sous ensemble fini de I et une famille (λj)jJ de scalaires indexée par J, tel que u = jJλj uj.
    Donc (ui)iI est une famille génératrice de E.

Exemple 2.1. Pour tout élément non nul, λ 𝕂 {0}, la famille (λ) est une famille génératrice de 𝕂-espace vectoriel (𝕂,+,).

Preuve Soit λ 𝕂 tel que λ0.
Soit μ 𝕂. On a, comme λ0, μ = μ λ λ.
Donc (λ) est une famille génératrice de (𝕂,+,).


Exemple 2.2. Si (E,+,) est un 𝕂-espace vectoriel, alors la famille (u)uE de tous les vecteurs de E est une famille génératrice.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel.
Pour u E, on a u = 1 u.
Donc (u)uE est une famille génératrice de E.


Exemple 2.3. La famille ((1,1,0),(1,1,0),(1,1,1)) est une famille génératrice de (3,+.,.).

Preuve Soit (x,y,z) 3.
On a x+y2z 2 .(1,1,0)+.yx 2 .(1,1,0)+.z.(1,1,1) = x+y2z 2 yx 2 + z, x+y2z 2 + yx 2 + z,z.
Puis, x+y2z 2 .(1,1,0)+.yx 2 .(1,1,0)+.z.(1,1,1) = (x,y,z).
Donc, la famille ((1,1,0),(1,1,0),(1,1,1)) est une famille génératrice de (3,+.,.).


Exemple 2.4. La famille ((1,1,0),(1,1,0),(2,3,0)) n’est pas une famille génératrice de (3,+.,.).

Preuve Montrons que (0,0,1)Vect({(1,1,0),(1,1,0),(2,3,0)}).
Par l’absurde, soit λ,μ,ν tel que λ.(1,1,0)+.μ.(1,1,0)+.ν.(2,3,0) = (0,0,1).
Pour la troisième coordonnée, on aurait :λ 0 + μ 0 + ν 0 = 1.
Puis 1 = 0, ce qui est absurde.
Donc la famille ((1,1,0),(1,1,0),(2,3,0)) n’est pas une famille génératrice de (3,+.,.).


Exemple 2.5. La famille des suites (δk)k n’est pas une famille génératrice de l’espace des suites à valeur dans .

Preuve Montrons que la suite (n)nVect((δk)k). Par l’absurde, soit I un sous ensemble fini de et (λi)iI 𝕂I une famille finie de scalaire indexée par I, tel que (n)n = iIλi.δi.
I serait une partie finie de .
Donc il existerait un entier n0 > 0 tel que pour tout i I, i < n0.
Au rang n0, on aurait n0 = iIλi.δn0i.
Or pour i I, i < n0 donc in0, puis δn0i = 0.
D’où, n0 = 0 (ce qui est absurde).
Donc la famille (δk)k n’est pas une famille génératrice des suites à valeur dans .


Propriété 2.2. Soit n un entier naturel. Soit I un ensemble et (ui)iI une famille d’éléments de 𝕂n telle qu’il existe un indice i0 I tel que pour tout indice i I, la coordonnée i0 de ui soit égale à 0. Alors la famille (ui)iI n’est pas génératrice.

Preuve Soit n un entier naturel. Soit I un ensemble et (ui)iI une famille d’éléments de 𝕂n telle qu’il existe un indice i0 I tel que pour tout indice i I, la coordonnée i0 de ui soit égale à 0.
Soit δi0 𝕂n, le vecteur dont toutes les coordonnées sont égales à 0, sauf la i-ième coordonnée qui vaut 1. Soit J I un sous-ensemble fini de I et (λj)jJ 𝕂J une famille de scalaires indexée par J. On suppose par l’absurde que δi0 =jJλj.uj. Sur la i-ième coordonnée, on aurait 1 = 0, ce qui est absurde.
Donc la famille (ui)iI n’est pas une famille génératrice.


Propriété 2.3. Soit m,n deux entiers naturels. Soit (ui)1im une famille de m éléments de 𝕂n. On suppose qu’il existe un indice i0 tel que 1 i0 min(m 1,n), et tel que pour tout i entre 1 et i0, la j-ième coordonnée du vecteur ui vaut 1 si i = j et 0 sinon, et tel que pour tout i > i0 la i0 + 1-ième coordonnée du vecteur ui vaut 0. Alors la famille (ui)1im n’est pas génératrice.

Preuve Soit m,n deux entiers naturels. Soit (ui)1im une famille de m éléments de 𝕂n. Soit i0 un indice tel que 1 i0 min(m 1,n), et tel que pour tout i entre 1 et i0, la j-ième coordonnée du vecteur ui vaut 1 si i = j et 0 sinon, et tel que pour tout i > i0 la i0 + 1-ième coordonnée du vecteur ui vaut 0. On note ui,j la valeur de la j-ième coordonnée du vecteur ui Posons (vj)1jn 𝕂n le vecteur défini par :

vj = 1 si ji0 vj = 1 + k=1i0uk,i 0si j = i0

On suppose par l’absurde qu’il existe (λi)1im 𝕂m une famille de m scalaires tels que 1imλi.ui = (vj)1jn. Pour j < i0, on aurait, sur la j-ième coordonnée, vj = λj, puis λj = 1. Mais, sur la i0-ième coordonnée, on aurait vi0 = k=1i0λk uk,i 0, puis 1 + k=1i0uk,i 0 = k=1i0λk uk,i 0, et 1 = 0 (ce qui est absurde).
Donc la famille (ui)1im n’est pas génératrice.


Exemple 2.6. D’après la propriété 2.3, la famille :

(1,0,0,3) (0,1,0,2) (0,0,1,2) (0,0,0,0)

n’est pas une famille génératrice de (4,+.,.).

Exemple 2.7. Soit n un entier naturel. Soit (𝕂n,+.,.). l’espace vectoriel des n-uplets de scalaires, muni de l’addition et la multiplication coordonnée par coordonnée. La famille (δk)1kn de vecteurs telle que δk a toutes ses coordonnées égales à 0, sauf la k-ième coordonnée qui vaut 1 est génératrice.

Preuve Soit (xi)1in 𝕂n.
Posons y = 1knxk.δk.
Soit j un entier tel que 1 j n,
  la j-ième coordonnée de (xi)1in vaut xj.
  la j-ième coordonnée de y vaut 1knxk δjk, puis la j-ième coordonnée de y vaut xj.
Ainsi (xi)iI = 1knxk.δk. Donc (δk)1kn est une famille génératrice de 𝕂n.


Propriété 2.4. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit J un sous ensemble de I. Alors, si la famille (uj)jJ est génératrice de E, alors la famille (ui)iI est génératrice de E.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit J un sous ensemble de I. Alors, si la famille (uj)jJ est génératrice de E.

Soit x E, Soit K J un ensemble fini d’indices, et (λk)kK EK, une famille de scalaires indexée par K telle que : x = kKλk uk. On a : J I, donc K est un sous ensemble fini de I et x = kKλk uk. Ainsi (ui)iI est une famille génératrice de (E,+,).


Propriété 2.5. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit σ une bijection de I dans I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi=Δuσ(i)

Alors, la famille (ui)iI est génératrice si et seulement si la famille (vi)iI est génératrice.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit σ une bijection de I dans I. Soit (vi)iI EI la famille d’éléments de E définie par :

vi=Δuσ(i).

  1. ( ) On suppose que la famille (ui)iI est une famille génératrice.
    Soit x E.
    Soit J I et (λj)jJ 𝕂J une famille de scalaires indexée par J telle que x = jJλj uj.
    On a donc : x = jJλσ(σ1(j)) uσ(σ1(j)).
    Puis : x = jJλσ(σ1(j)) vσ1(j).
    Enfin : x = j{kI|σ(k)J}λσ(k) vk.
    Or {k I|σ(k) J} est un sous-ensemble fini de I, puis (vi)iI est une famille génératrice de (E,+,).
  2. ( ) On suppose que la famille (vi)iI est une famille génératrice. Alors la famille (ui)iI l’est également, en appliquant le point précédent en remplaçant (ui)iI par (vi)iI, et réciproquement et σ par σ1.

Propriété 2.6. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit λ 𝕂 tel que λ0 et i0 I un élément de I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0=Δλ ui0 vi=Δui pour i I {i0}

Alors, la famille (ui)iI est génératrice si et seulement si la famille (vi)iI est génératrice.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit λ 𝕂 tel que λ0 et i0 I un élément de I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0=Δλ ui0 vi=Δui pour i I {i0}

  1. ( ) On suppose que la famille (ui)iI est une famille génératrice de (E,+,).

    Soit x E,
    Comme (ui)iI est une famille génératrice, il existe un sous-ensemble J I fini de I et une famille de scalaires (μj)jJ 𝕂J indexée par J de sorte que : x = jJμj uj.

    Or, pour i I, on a : ui = 1 1+(λ1)×δii0 vi.
    D’où x = jJ μj 1+(λ1)×δii0 vi.
    Puis (vi) est une famille génératrice.

  2. ( ) On suppose que la famille (vi)iI est une famille génératrice de (E,+,).

    On a pour i I, comme λ0 :

    ui = 1 λ visi i = i0 ui = vi sinon;

    Or 1 λ0, par le point précédent, la famille (ui) est une famille génératrice de (E,+,).


Propriété 2.7. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soient i0 I et j0 I deux éléments de I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0=Δui0 + uj0 vi=Δui pour i I {i0}

Alors, la famille (ui)iI est génératrice si et seulement si la famille (vi)iI est génératrice.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soient i0 I et j0 I deux éléments de I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0=Δui0 + uj0 vi=Δui pour i I {i0}.

  1. si i0 = j0, alors vi0 = 2 ui0, puis d’après la propriété 2.6, (ui)iI est une famille génératrice si et seuelement si (vi)iI est une famille génératrice.
  2. si i0j0 :
    1. () On suppose que la famille (ui)iI est une famille génératrice de (E,+,).
      Soit x E un vecteur de E.
      Soit J I un sous ensemble fini de I et (μj)jJ 𝕂J une famille de scalaires indexée par J et telle que x = jJμj uj.
      On a, pour i I, vi = ui + δii0 uj 0.
      Puis comme i0j0, vj0 = ui0 et, pour i I, vi = ui + δii0 vj 0.
      Ainsi, pour i I, ui = vi δii0 uj 0.
      D’où, x = jJμj (vi δii0 uj 0). Et, x = jJ(μj δij0 × μi 0) vi.
      Donc la famille (vi)iI est une famille génératrice de (E,+,).
    2. () On suppose que la famille (vi)iI est une famille génératrice de (E,+,).
      Soit x E un vecteur de E.
      Soit J I un sous ensemble fini de I et (μj)jJ 𝕂J une famille de scalaires indexée par J et telle que x = jJμj vj.
      On a donc, x = jJμj (uj + δii0 uj 0). Puis, x = jJ(μj + δij0μi 0) ui. Puis (ui)iI est une famille génératrice de (E,+,).

Propriété 2.8. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit λ 𝕂. Soient i0 I et j0 I deux éléments de I tels que i0j0. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0 = ui0 + λ uj0 vi = ui pour i I {i0}

Alors, la famille (ui)iI est génératrice si et seulement si la famille (vi)iI est génératrice.

Preuve On définit la famille (wi)iI EI la famille d’éléments de E défine par :

wj0=Δλ uj0 wi=Δui pour i I {j0}

Puis, la famille (wi)iI EI la famille d’éléments de E définie par :

wi0=Δw i0 + wj0 wi=Δwi pour i I {i0}

Et, la famille (wi)iI EI la famille d’éléments de E définie par :

wj0=Δ1 λ wj0 wi=Δwi pour i I {j0}

puis la famille (ui)iI est génératrice de (E,+,),
si et seulement si, par la propriété 2.6, la famille (wi)iI est génératrice de (E,+,),
si et seulement si, par la propriété 2.7, la famille (wi)iI est génératrice de (E,+,),
si et seulement si, par la propriété 2.6, la famille (wi)iI est génératrice de (E,+,).

Or, pour i I on a :

  1. wi0 = w i0 (car i 0j0) w i0 = w i0 + wj0 wi0 = u i0 + λ uj0 (car i0j0) w i0 = v i0
  2. wj0 = 1 λ wj0 wj0 = 1 λ wj0 (car j0i0) wj0 = 1 λ (λ uj0) wj0 = u j0 wj0 = v j0 (car j0i0)
  3. et pour i I {i0,j0} :
    wi = wi (car ij0) wi = wi (car ii0) wi = ui (car ij0) wi = vi (car ii0)

    Ainsi (ui)iI est génératrice de(E,+,) si et seulement si (vi)iI est génératrice de (E,+,).


Algorithme 2.1. Soient m et n deux entiers positifs dans . Soit (ui)1in (𝕂n)m une famille de m vecteurs de 𝕂n. On note ui,j la j-ième coordonnée du i-ième vecteur de la famille (ui)1im. L’algorithme suivant permet de décider si (ui)1im est génératrice, ou non.
Prendre p 0.

  1. si p = n alors la famille est génératrice.
  2. si p < n et si pour tout k tel que p < k m, on a : uk,p+1 = 0 alors la famille n’est pas génératrice.
  3. sinon, prendre k le plus petit entier strictement supérieur à p tel que uk,p+10.
  4. Multiplier le vecteur uk par l’inverse de uk,p+1.
  5. Soustraire à chaque vecteur uk pour kk le vecteur uk multiplié par uk,p+1.
  6. Permuter le vecteur up+1 et uk.
  7. Prendre p p + 1.
  8. Retourner à l’étape 1.

Preuve À l’étape 1, on peut montrer par récurrence que pour toutk et tout l tels que 1 k p, 1 l p, uk,l = 0 si kl, et uk,l = 1 si k = l. De plus, les transformations effectuées sur la famille de vecteur ne modifient pas le fait d’être une famille génératrice, ou non (d’après la propriété 2.6 pour l’étape 4, d’après la propriété 2.7 pour l’étape 5, d’après la propriété 2.5 pour l’étape 6). Ainsi, si à l’étape 1, p = n, la famille est celle de l’exemple 2.7, elle est donc génératrice. Par contre, si le test de l’étape (2) échoue, la famille ne peut pas être génératrice soit par la propriété 2.2, soit par la propriété 2.3.


Exemple 2.8. On peut utiliser l’algorithme 2.1 pour montrer que la famille ((1,1,0),(1,1,0),(1,1,1)) est une famille génératrice.

Preuve La famille (1,1,0) (1,1,0) (1,1,1) est une famille génératrice
si et seulement si la famille (1,1,0) (0,2,0) (0,0,1) est une famille génératrice (en utilisant les transformations L2 L2 + L1 et L3 L3 L1)
si et seulement si la famille (1,1,0) (0,1,0) (0,0,1) est une famille génératrice (en utilisant la transformation L2 L22)
si et seulement si la famille (1,0,0) (0,1,0) (0,0,1) est une famille génératrice (en utilisant la transformation L1 L1 L2)
Or cette dernière famille est génératrice car elle satisfait la propriété 2.2.
Donc la famille ((1,1,0),(1,1,0),(1,1,1)) est une famille génératrice.


Exemple 2.9. On peut utiliser l’algorithme 2.1 pour montrer que la famille ((1,1,1),(1,1,1),(2,0,2)) n’est pas génératrice.

Preuve La famille (1,1,1) (1,1,1) (2,0,2) est une famille génératrice
si et seulement si la famille (1,1,1) (0,2,0) (0,2,0) est une famille génératrice (en utilisant les transformations L2 L2 + L1 et L3 L3 2 L1)
si et seulement si la famille (1,1,1) (0,1,0) (0,2,0) est une famille génératrice (en utilisant la transformation L2 L22)
si et seulement si la famille (1,0,1) (0,1,0) (0,0,0) est une famille génératrice (en utilisant la transformation L1 L1 L2)
Or cette dernière famille n’est pas génératrice car pour tout (x,y,z) Vect((1,0,1),(0,1,0),(0,0,0)), on a x = z. Puis (0,0,1)Vect((1,0,1),(0,1,0),(0,0,0)).
Donc la famille ((1,1,1),(1,1,1),(2,0,2)) n’est pas une famille génératrice.


3 Bases et dimensions

Définition 3.1. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. On appelle base de E toute famille d’éléments de E qui est à la fois libre et génératrice de E.

Théorème 3.1. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I, tel que (ui)iI soit une base de E.
Alors pour tout vecteur u E, il existe un unique sous-ensemble J I et une unique famille (λj)jJ de scalaires non nuls tel que :

u = jJλj uj.

Ainsi tout vecteur admet une décomposition unique dans une base.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I, tel que (ui)iI soit une base de E.
Soit u E.


Exemple 3.1. Tout élément non nul de 𝕂 est une base du 𝕂-espace vectoriel (𝕂,+,).

Preuve Soit λ 𝕂 {0}. Nous savons que (λ) est une famille libre du 𝕂-espace vectoriel (𝕂,+,). D’après l’exemple 2.1, (λ) est une famille génératrice du 𝕂-espace vectoriel (𝕂,+,). Ainsi, (λ) est une base du 𝕂-espace vectoriel (𝕂,+,).


Exemple 3.2. Soit n un entier naturel. Soit (δi)1in (𝕂n)n la famille de n vecteurs de 𝕂n telle que la j-ième coordonnée du i-ième vecteur soit égale à 0 si ij et à 1 sinon. Alors (δi)1in (𝕂n)n est une base de (𝕂n,+.,.) (on dit que c’est la base canonique de 𝕂n).

Preuve Soit n un entier naturel. Soit (δi)1in (𝕂n)n la famille de n vecteurs de 𝕂n telle que la j-ième coordonnée du i-ième vecteur soit égale à 0 si ij et à 1 sinon. Nous savons que la famille (δi)1in est libre dans (𝕂n,+.,.). De plus, d’après l’exemple 2.7, la famille (δi)1in est génératrice de (𝕂n,+.,.). Par la défintion 3.1, c’est donc une base de (𝕂n,+.,.).


Exemple 3.3. Soit n un entier et (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et (bi)iI une base de E. La famille (ei,j)iI,1jn définie par ei,j est un vecteur de n composantes dont la k-ième composante est égale bi si j = k ou 0E sinon, est une base de (En,+.,.).

Preuve Soit n un entier et (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et (bi)iI une base de E. La famille (ei,j)iI,1jn définie par ei,j est un vecteur de n composantes dont la k-ième composante est égale bi si j = k ou 0E sinon.

  1. famille libre :
    Soit K un sous-ensemble fini de I ×{k 𝕂|1 k n} et soit (λk)kK 𝕂K une famille de scalaires indexée par K tel que : (i,j)Kλi,j.ei,j = 0En.
    Soit k un entier entre 1 et n, on a, sur la k-ième composante, (i,j)Kλi,j δjk bi = 0E ; puis iI,(i,k)Kλi,k bi = 0E ; or l’ensemble {i I|(i,k) K} est un sous-ensemble fini de I et la famille (bi)iI EI est libre (car c’est une base), donc pour i{i I|(i,k) K}, λi,k = 0.
    Ainsi, pour (i,j) K, on a : λi,j = 0.
    Puis la famille (ei,j)iI,1jn est une famille libre de (En,+.,.).
  2. famille génératrice :
    Soit (xj)1jn En.
    Soit k tel que 1 k n.
    On sait que (bi)iI est une famille génératrice.
    Il existe donc un sous-ensemble fini Kk I et une famille de scalaires (λi,k)iKk telle que xk = iKkλi,k bi.
    On considère le vecteur x de En défini par : x=Δ 1jn,iKjλi,j.ei,j.
    L’ensemble {(i,j)|1 j n,i Kj} est un sous-ensemble fini de I × J.
    De plus, pour tout entier k tel que 1 k n, la k-ième coordonnée xk de x vaut 1jn,iKjλi,j.δkj bi. On a donc : xk = iKkλi,k bi. Puis xk = xk.
    Ainsi (xj)1jn = (xj)1jn.
    Donc (ei,j)iI,1jn est une famille génératrice.

Puis (ei,j)iI,1jn est une base de (En,+.,.).


Exemple 3.4. Soit A un ensemble fini et (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et (bi)iI une base de E. La famille (fi,j)iI,jA définie par fi,j(a) = bi si a = j, et fi,j(a) = 0E sinon, est une base de ((A,E),+.,.).

Preuve Soit A un ensemble fini et (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et (bi)iI une base de E. La famille (fi,j)iI,jA définie par fi,j(a) = bi si a = j, et fi,j(a) = 0E sinon, est une base de ((A,E),+.,.).

  1. famille libre :
    Soit K un sous-ensemble fini de I × A et soit (λk)kK 𝕂K une famille de scalaires indexée par K tel que : (i,j)Kλi,j.fi,j = 0(A,E).
    Soit a A, on a :
    0 = (0(A,E))(a) 0 = ( (i,j)Kλi,j.fi,j)(a) 0 = (i,j)Kλi,j fi,j(a) 0 = (i,j)Kλi,j δaj bi 0 = iI,(i,a)Kλi,a bi.

    Or la famille (bi)iI est une famille libre (car c’est une base).
    Donc pour i I tel que (i,a) K, on a : λi,a = 0.
    Puis pour tout (i,j) K, λi,j = 0.
    Puis la famille (fi,j)iI,jA est une famille libre de ([A,E),+.,.).

  2. famille génératrice :
    Soit g (A,E).
    Soit a A.
    On sait que (bi)iI est une famille génératrice de (E,+,). .
    Il existe donc un sous-ensemble fini Ka I et une famille de scalaires (λi,a)iKa telle que g(a) = iKaλi,a bi.
    On considère la fonction g(A,E) définie par : g=Δ aA,iKaλi,a.fi,a.
    L’ensemble {(i,a)|a A,i Ka} est un sous-ensemble fini de I × J.
    De plus, pour tout élément a A, g(a) vaut aA,iKaλi,a.δaa ba. On a donc : g(a) = iKaλi,a bi. Puis g(a) = g(a).
    Ainsi g = g.
    Donc (fi,j)iI,jA est une famille génératrice.

Puis (fi,j)iI,jA est une base de ((A,E),+.,.)


Exemple 3.5. La famille des suites (δk)k (𝕂) est une base du 𝕂-espace vectoriel des suites qui stationnent en 0.

Preuve

  1. famille libre : Soit I un ensemble fini d’entiers.
    Soit (λi)iI 𝕂I une famille de scalaires indexée par I et telle que : iIλi.δi = (0)i. Soit k I, on optient au rang k, iIλi δki = 0. Puis λk = 0.
  2. famille génératrice : Soit (un) 𝕂n une suite d’éléments de 𝕂 qui stationne en 0.
    Soit n0 tel que pour tout n > n0, un = 0.
    On a donc, pour n ,un = k=0n0uk δnk.
    Puis (un)n = k=0n0uk.δk.

Ainsi, (δk)k est une base du 𝕂-espace vectoriel des suites à valeur dans 𝕂, qui stationnent en 0, pour la somme et le produit externe point à point.


Propriété 3.1. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Une famille d’éléments de E est une base de E si et seulement si c’est une famille libre maximale.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I.


Propriété 3.2. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Une famille d’éléments de E est une base de E si et seulement si c’est une famille génératrice minimale.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble et (ui)iI EI une famille de vecteurs de E indexée par I.


Propriété 3.3. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit σ une bijection de I dans I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi = uσ(i)

Alors, la famille (ui)iI est une base de E si et seulement si la famille (vi)iI est une base de E.

Preuve On procède par équivalence :
la famille (ui)iI est une base de E
la famille (ui)iI est libre dans E et génératrice de E (d’après la définition 3.1)
la famille (vi)iI est libre dans E et génératrice de E (d’après la propriété 2.5)
la famille (vi)iI est une base de E (d’après la définition 3.1).


Propriété 3.4. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit λ 𝕂 tel que λ0 et i0 I un élément de I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0 = λ ui0 vi = ui pour i I {i0}

Alors, la famille (ui)iI est une base de E si et seulement si la famille (vi)iI est une base de E.

Preuve On procède par équivalence :
la famille (ui)iI est une base de E
la famille (ui)iI est libre dans E et génératrice de E (d’après la définition 3.1)
la famille (vi)iI est libre dans E et génératrice de E (d’après la propriété 2.6)
la famille (vi)iI est une base de E (d’après la définition 3.1).


Propriété 3.5. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soient i0 I et j0 I deux éléments de I. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0 = ui0 + uj0 vi = ui pour i I {i0}

Alors, la famille (ui)iI est base de E si et seulement si la famille (vi)iI est une base de E.

Preuve On procède par équivalence : la famille (ui)iI est une base de E
la famille (ui)iI est libre dans E et génératrice de E (d’après la définition 3.1)
la famille (vi)iI est libre dans E et génératrice de E (d’après la propriété 2.7)
la famille (vi)iI est une base de E (d’après la définition 3.1).


Propriété 3.6. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit I un ensemble. Si (ui)iI EI une famille d’éléments de E indexée par I. Soit λ 𝕂. Soient i0 I et j0 I deux éléments de I tels que i0j0. Soit (vi)i EI la famille d’éléments de E définie par :

vi0 = ui0 + λ uj0 vi = ui pour i I {i0}

Alors, la famille (ui)iI est une base si et seulement si la famille (vi)iI est une base.

Preuve On procède par équivalence : la famille (ui)iI est une base de E
la famille (ui)iI est libre dans E et génératrice de E (d’après la définition 3.1)
la famille (vi)iI est libre dans E et génératrice de E (d’après la propriété 2.8)
la famille (vi)iI est une base de E (d’après la définition 3.1).


Théorème 3.2. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit J un ensemble fini. Soit I un sous-ensemble de J. Soit (uj)jJ une famille d’élément de E, tel que la famille (ui)iI soit une famille libre et la famille (uj)jJ soit une famille génératrice de E. Alors il existe un ensemble K tel que I K J et la famille (uk)kK est une base de E.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit J un ensemble fini. Soit I un sous-ensemble de J. Soit (uj)jJ une famille d’élément de E, tel que la famille (ui)iI soit une famille libre et la famille (uj)jJ soit une famille génératrice de E.

On suppose que la famille (uj)jJ n’est pas une base de E. On considère l’ensemble de tous les ensembles J tels que I J J, et (uj)jJ soit une famille génératrice. Cet ensemble possède un élément minimal K pour l’inclusion.

Ainsi, la famille (uk)kK est libre dans E.
Par l’absurde, supposons que ce ne soit pas le cas.
  Il existerait donc une famille de scalaires (λk)kK 𝕂K non tous nuls telle que kKλk uk = 0E.
  Puis il existerait nécessairement un indice k0 K I tel que λk00 (puisque (ui)iI est libre).
  Prenons k0 K I tel que λk00.
  On aurait donc uk0 = kK{k0} λk λk0 uk.
  Soit u E.
   Comme (uk)kK est une famille génératrice, il existerait une famille de scalaires (μk)kK telle que u = kKμk uk.
   Puis u = kK{k0}μk + μk0×λk λk0 uk.
  Donc la famille (uk)jK{k0} est une famille génératrice de E. Ce qui est absurde (par minimalité de K).


Remarque 3.1. Le théorème 3.2 est aussi valable si la famille génératrice est infini, si l’on suppose l’axiome du choix (Pour tout ensemble A, il existe une fonction hA : (A) A, telle que pour toute partie X A, on ait : h(X) X).

Corollaire 3.1. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. Alors, toute famille libre finie de (E,+,) s’étend en une base.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. Alors, soit I un ensemble fini et (ui)iI une famille libre. Soit J un ensemble fini tel que I J = et (uj)jJ une famille génératrice de E. On a (ui)iIJ est une famille génératrice de E et I I J. De plus, l’ensemble I J est fini. Donc il existe un ensemble K tel que I K J et (uk)kK soit une base de E.


Corollaire 3.2. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Toute famille génératrice finie de (E,+,) contient une base.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit J un ensemble fini et (uj)jJ une famille génératrice de E. On note I = . On a (ui)iI est une famille libre et I J. Donc il existe un ensemble K tel que I K J et (uk)kK soit une base de E.


Corollaire 3.3. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. Alors, toute famille libre finie de (E,+,) s’étend en une base.

Preuve Soit I,J deux ensembles finis tels que I J = . Soit (ui) EI une famille libre de (E,+,) et (uj) EJ une famille génératrice de (E,+,). Par la propriété 2.4, la famille (uk)kIJ est une famille génératrice de (E,+,). De plus, I J est un ensemble fini. Donc d’après le théorème 3.2, il existe K tel que I K I J et tel que (uk)kK soit une base de E. Puis (ui)iI s’étend en une base du 𝕂-espace vectoriel (E,+,).


Propriété 3.7. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel qui possède une famille génératrice de n vecteurs, alors toute famille qui possède au moins n + 1 éléments de E est liée.

Preuve On procède par l’absurde. On prends le plus petit entier n tel qu’il existe un 𝕂-espace vectoriel, avec une famille génératrice de n éléments et une famille libre d’au moins n + 1 éléments. Soit (E,+,) un tel 𝕂-espace vectoriel. Soient I un ensemble, (ui)iI une famille libre d’éléments de E et (vj)1jn une famille génératrice de E.

  1. si n = 0, alors E = {0E}, puis toutes les familles libres de E sont vides ??.
  2. si n = 1, si I possède au moins deux indices i1,i2. Comme (vj)j=1 est une famille génératrice. Il existe λ1,λ2 𝕂 tels que ui1 = α v1 et ui2 = β v2. Puis α ui2 β ui1 = 0E. Donc α = β = 0. Ce qui est absurde.
  3. On suppose la propriété vraie pour n0, on suppose maintenant que n = n0 + 1. Prenons un sous ensemble de I avec n + 1 éléments, que l’on note k1,,kn+1.
    Comme (vj)1jn est une famille génératrice, on peut choisir une famille (λi,j)1in+1,1jn de scalaires de 𝕂 telle que pour tout i entre 1 et n + 1, on ait :
    uki = 1jnλi,j vj.

    1. Si tous les scalaires λi,j étaient nuls. Alors on aurait u1 = 0E ce qui est absurde, par la propriété 3.7 et car la famille (ui)iI est libre.
    2. Soit, donc, i0 entre 1 et m et j0 entre 1 et n tel que λi0,j00.
      La famille (uki)1in+1 est libre.
      Donc la famille (wi)1in+1 :
      wi0 = uki 0 wi = λi0,j0 uki λi,i0 ui0si ii0

      Puis, la famille libre (wi)1in+1,ii0 est dans l’espace engendré par (vj)1jn,jj0.
      Ce qui est absurde car on a formé un 𝕂-espace vectoriel avec une famille génératrice de n 1 vecteurs et une famille libre d’au moins n vecteurs.


Théorème 3.3. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. Alors toutes les bases de (E,+,) ont le même cardinal.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. Soient et deux bases (E,+,).

Comme est une base, par la définition 3.1, elle est donc libre. Comme E admet une famille génératrice finie, on en déduit par la propriété 3.7 que la famille est finie. Avec le même raisonnement, nous déduisons que la famille est finie.

De plus, par la définition 3.1, est une famille libre dans (E,+,) et est une famille génératrice de (E,+,). Ainsi, comme (E,+,) admet une famille génératrice finie, par la propriété 3.7, card() card(). Puis en remplaçant par et reciproquement, on obtient : card() = card().


Définition 3.2. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel qui admet une famille génératrice finie. On dit que (E,+,) est de dimension finie et on appelle dimension de (E,+,) le cardinal des bases de E.

Propriété 3.8. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel de dimension fini égale à n. Alors toute famille libre de n élément est une base.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel de dimension fini égale à n. Soit I un ensemble de n éléments et (ui)iI une famille libre de (E,+,).
Donc , (ui)iI s’étend en une base de (E,+,). Or d’après le théorème 3.3, le cardinal de cette base est égale à n, il s’agit donc de (ui)iI. Ainsi (ui)iI est une base.


Propriété 3.9. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel de dimension fini égale à n. Alors toute famille génératrice de n élément est une base.

Preuve Soit n un entier naturel et soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel de dimension fini égale à n.
Soit I un ensemble de n éléments et (ui)iI une famille génératrice de (E,+,).
Par le corollaire 3.2, (ui)iI contient une base de (E,+,). Or d’après le théorème 3.3, le cardinale de cette base est égale à n. Il s’agit donc de la famille (ui)iI. Ainsi (ui)iI est une base.


Propriété 3.10. Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit F un sous-espace vectoriels de (E,+,). Si E et F sont de dimensions finies et égales. Alors E = F.

Preuve Soit (E,+,) un 𝕂-espace vectoriel. Soit F un sous-espace vectoriel de (E,+,). On suppose que E et F sont de dimensions finies et égales.
Soit (ui)1idim F une base de F.
Puis, la famille (ui)1idim E est une famille libre dans (F,+|F,|).
Puis, la famille (ui)1idim E est une famille libre de (E,+,).
C’est donc une famille libre avec n éléments, donc, par la propriété 3.8, c’est une base de E.
Ainsi (ui)iI est une famille génératrice de E et de F.
Puis E = Vect({ui|i I}) et F = Vect({ui|i I}).
Puis E = F.


Exemple 3.6. Le sous-espace de (3,+.,.) engendré par l’ensemble {(1,1,0),(2,2,0)} est dimension fini égal à 1.

Exemple 3.7. Le sous-espace de (3,+.,.) engendré par l’ensemble {(1,1,0),(2,1,0)} est dimension fini égal à 2.

Algorithme 3.1. Soient n un entier positif dans . Soit (ui)1in (𝕂n)n une famille de n vecteurs de 𝕂n. On note ui,j la j-ième coordonnée du i-ième vecteur de la famille (ui)1in. L’algorithme suivant permet de décider si (ui)1in est libre, ou liée.
Prendre p 0.

  1. si p = n alors la famille est une base.
  2. si p < n et si pour tout k tel que p < k n, on ait uk,p+1 = 0 alors la famille n’est pas une base.
  3. sinon, prendre k le plus petit entier strictement supérieur à p tel que uk,p+10.
  4. Multiplier le vecteur uk par l’inverse de uk,p+1.
  5. Soustraire à chaque vecteur uk pour kk le vecteur uk multiplié par uk,p+1.
  6. Permuter le vecteur up+1 et uk.
  7. Prendre p p + 1.
  8. Retourner à l’étape 1.

Preuve Toutes les transformations préservent le fait d’être une base. On peut montrer, par récurrence, qu’à l’étape 1 uk,l = 0 pour tout k,l tels que kl, 1 k p, 1 l n. Donc si p = n, on reconnaît l’exemple 3.2. Si le test de la seconde étape échoue, la famille n’est pas génératrice, donc elle n’est pas une base. Enfin, toutes les étapes de transformation préservent le fait d’être une base.


Exemple 3.8. On utiliser l’algorithme 2.1 pour montrer que la famille ((1,1,0),(1,1,0),(1,1,1)) est une base.

Preuve La famille (1,1,0) (1,1,0) (1,1,1) est une base
si et seulement si la famille (1,1,0) (0,2,0) (0,0,1) est une base (en utilisant les transformations L2 L2 + L1 et L3 L3 L1)
si et seulement si la famille (1,1,0) (0,1,0) (0,0,1) est une base (en utilisant la transformation L2 L22)
si et seulement si la famille (1,0,0) (0,1,0) (0,0,1) est une base (en utilisant la transformation L1 L1 L2)
Or cette dernière famille est une base (c’est l’exemple 3.2).
Donc la famille ((1,1,0),(1,1,0),(1,1,1)) est une base.


Exemple 3.9. On peut utiliser l’algorithme 2.1 pour montrer que la famille ((1,1,1),(1,1,1),(2,0,2)) n’est pas une base.

Preuve La famille (1,1,1) (1,1,1) (2,0,2) est une base
si et seulement si la famille (1,1,1) (0,2,0) (0,2,0) est une base (en utilisant les transformations L2 L2 + L1 et L3 L3 2 L1)
si et seulement si la famille (1,1,1) (0,1,0) (0,2,0) est une base (en utilisant la transformation L2 L22)
si et seulement si la famille (1,0,1) (0,1,0) (0,0,0) est une base (en utilisant la transformation L1 L1 L2)
Or cette dernière famille n’est pas une base car elle n’est pas libre.
Donc la famille ((1,1,1),(1,1,1),(2,0,2)) n’est pas une famille génératrice, puis ce n’est pas une base.